Un mariage de rêve par abarguillet
Stephan Elliot, après être resté longtemps éloigné des studios, nous revient avec une comédie savoureuse et acide à souhait Un mariage de rêve , dans laquelle on retrouve le même humour décalé que dans un précédent opus Priscilla, folle du désert ( 1994 ), qui, lui aussi, pointait du doigt une petite société restée à l'écart des réalités contemporaines. Ce film respire par tous ses pores l'ironie et le piquant du cinéma britannique.
Dans les années 1930, Larita ( Jessica Biel ), une aventurière américaine, est la première femme à remporter le Grand prix automobile de Monaco. Subjugué par son courage et son charme, John Whitaker, un jeune aristocrate anglais, lui avoue sa flamme et l'épouse. Mais lorsqu'il la présente à ses parents et à ses soeurs, l'accueil va être glacial et le jeune couple subir les aléas d'un climat des plus perturbé. La jeune mariée, habituée au rythme trépidant de Seattle, ne va pas parvenir à se faire à celui ralenti d'une vie seigneuriale figée dans son quant à soi et encombrée de rites ancestraux.
En effet, si Mr Whitaker père semble apprécier la compagnie de l'étrangère qui rattrape sa petite naissance par sa jeunesse et sa beauté, il n'en est pas de même de sa femme, très attachée aux usages de la haute société britannique et qui va manifester, dès les présentations faites, une véritable aversion à l'égard de cette bru que son rejeton a eu la malencontreuse idée d'épouser et dont les manières sont si peu conventionnelles. Agrippée à ses moeurs victoriennes, Kristin Scott Thomas - qui est une habituée de ce genre de rôle - nous campe avec talent et une austérité grandiloquente une belle-mère aux convictions d'un autre âge et se livre à un festival cynique de répliques cinglantes et de sarcasmes à l'intention de sa belle-fille qui ne reste pas coite évidemment. Si bien que s'instaure un jeu de massacre sans victimes à proprement parler, mais qui n'en est pas moins haut en couleur et corrosif en diable.
Le metteur en scène australien, que l'hypocrisie de la haute société britannique semble inspirer, réalise là un petit chef-d'oeuvre d'humour jubilatoire, servi par des dialogues brillants et des acteurs en parfaite adéquation avec leurs personnages, nous assurant un divertissement de qualité et une heure trente de réel plaisir. Ce qui ne se refuse pas...
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