Un Matin Rouge est le premier et j'aurai presque envie de dire le seul film Jean Jacques Aublanc puisque ces deux autres long-métrage Les maîtres du soleil et La Source sont des raretés devenues quasiment invisibles pour peu qu'elles aient été visibles un jour. Assistant réalisateur pour Roman Polanski et Bertrand Blier, Jean Jacques Aublanc est à la fois scénariste et réalisateur de ce premier long-métrage dont le principal atout restera sans doute sont excellents casting.


Un Matin Rouge nous raconte les retrouvailles d'anciens élèves devenus adultes et qui s'étaient perdus de vue depuis plus de 40 ans. À la demande de Léonard devenu maire du village, les amis se retrouvent autour d'une grande nouvelle et afin de sceller un pacte fait alors qu'ils étaient enfants.


Un Matin Rouge est un film dans le scénario n'est pas à proprement parler très original mais qui a le mérite d'introduire un sujet d'une grande intensité dramatique et riche en questionnements délicats, inconfortables et difficiles. Ce serment d'enfants qui engage soudainement des vies bien rangées d'adultes s'articule autour de la promesse de venger un instituteur et sa fille dénoncés aux allemands durant la seconde guerre mondiale. Avec cette thématique le film de Jean Jacques Aublanc aura au moins le mérite de venir poser sans trop de manichéisme des questions difficiles sur la notion de pardon, sur la trahison, sur la fidélité, sur ce que représente un crime de guerre, sur l'absolution des actes dans le temps, sur la vengeance, sur la France de l'occupation et sur la complexité des comportements humains en des temps tout aussi complexes. Bien moins inspiré dans sa mise en scène que dans son écriture Jean Jacques Aublanc se contente le plus souvent de filmer assez platement ses comédiens en leur laissant quasiment toujours porter sur leurs épaules l'entière responsabilité de faire monter la tension et l'émotion à travers leur jeu, en tout cas bien plus que par la mise en images de leurs confrontations. Fort heureusement pour lui Jean Jacques Aublanc s'est entouré d'un formidable casting qui parvient à lui seul à sauver le film du marasme et de l'ennui. On retrouve dans Un Matin Rouge de formidables acteurs tels que Claude Rich, Michel Duchaussoy, Jacques Fabbri, Maurice Garrel, Maurice Ronet et dans un rôle secondaire et anecdotique la diaphane et fragile Marie Trintignant qu'il est toujours émouvant de retrouver


Si les comédiens et les thématiques soulevées par le film lui assure in extremis une note moyenne 05/10, Un Matin Rouge est aussi une œuvre larvée de défauts agaçants et d'étranges parti pris de mise en scène qui font que jamais l'émotion ni la tension inhérente à son son sujet ne sont vraiment mis en valeur. Cette réunion se déroule durant une fête traditionnelle de village et étrangement Jean Jacques Aublanc choisit de nous montrer de biens trop longues séquences de danse folklorique bien chiantes qui viennent entrecouper et parasiter les débats passionnants entre les personnages. Pire qu'une coupure publicitaire en plein milieu d'une intense scène dramatique, Jean Jacques Aublanc invente la coupure folklore à la con en plein cœur d'une confrontation intime et universelle sur la notion de crime de guerre. Jean Jacques Aublanc rate aussi complètement à mon sens son flashback montrant l'exécution de cet instituteur et le viol de sa jeune fille tant cette séquence d'une horrible violence et d'une intensité dramatique rare ne provoque finalement qu'un étrange malaise à ne strictement rien ressentir tant la mise en images est d'une platitude affligeante. On se demande vraiment pourquoi Jean Jacques Aublanc à accordé autant de place à toutes ces scènes de folklore exaspérantes alors que j'aurais personnellement préférer les voir remplacées par des flash-backs qui nous aurait expliciter est rendu plus palpable l'amitié entre ces gamins et l'affection qu'ils avaient pour cet instituteur et sa fille. Un Matin Rouge possédait un sujet fort à défaut d'être original, de véritables orfèvres de la comédie pour lui donner vie, encore fallait-il un chef d'orchestre inspiré pour que la symphonie de la vengeance et du désespoir trouve l'intensité dramatique qu'elle méritait plutôt que de sombrer dans la ritournelle exaspérante d'une dans folklorique.


Si j'ai beaucoup aimé cette confrontation entre ces hommes traumatisés par leur enfance et soudainement dérangés dans leurs vies d'adultes, en revanche je n'ai cessé de pester et soupirer face à l'immense gâchis d'une mise en scène qui pour moi est passée totalement à côté de son passionnant sujet.

freddyK
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le 7 juil. 2022

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Freddy K

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