Sweet Devotion
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À la sortie de la seconde guerre mondiale, dans un Japon broyé, un jeune couple, Masako et Yuzo, se retrouve le dimanche pour partager leur journée, seul jour de la semaine où ils peuvent passer un moment ensemble. Complètement fauchés, ils n’ont pas les moyens de s’acheter un logement à partager.
Cette journée voit alterner moment d’insouciance – le jeu avec les enfants sur le terrain vague, la visite du zoo, les moments de rêve partagé où il redeviennent des enfants pour qui tout est possible, la balançoire au clair de lune –, et moments de tristesse – impossibilité de trouver un logement même petit, rencontre d’un orphelin, questions sans fin et sans réponses sur les moyens de s’en sortir, l’estime de soi affectée par la misère, impossibilité de trouver un lieu pour partager un moment d’intimité, pluie qui ne cesse de tomber…
Face à cette situation Yuzo et Masako réagissent différemment. Yozo est beaucoup plus atteint, jusque dans son estime de lui-même : perte de confiance, dépréciation de soi, perte de l’espoir, atteinte dans sa fierté masculine face à son incapacité de pouvoir vivre avec Masako. Tandis que de son côté elle garde son énergie et tente de remonter le moral de Masako comme elle le peut.
C’est un cinéma réaliste que Kurosawa adopte ici. L’histoire est simple, mais elle est poignante. On partage cette journée avec ces personnages et on s’attache à ce jeune couple si frais et dans la galère.
Dans cette intrigue, la symphonie inachevée de Schubert tient une grande place. Alors qu’ils ne peuvent aller l'écouter parce qu’ils n’ont pas de quoi s’acheter un billet d’entrée, ils arrivent à faire naître cette symphonie dans leur imaginaire au milieu d’un amphithéâtre désaffecté. Le choix de Kurosawa ne s’est certainement pas porté par hasard sur cette symphonie. Elle a été appelée « inachevée » car elle ne comporte que deux mouvements et non quatre. Mais ces deux mouvements comportent une telle perfection qu’ils se suffisent à eux-mêmes. Elle est ainsi le symbole de ces deux jeunes qui représentent les aspirations de la jeunesse japonaise de l’époque et de Kurosawa lui-même : il leur manque quelque chose, l’argent… mais ils portent en eux une « perfection » que rien ne peut leur enlever : leurs rêves, leur combat pour vivre, leur refus de baisser les bras. Cette symphonie est aussi le symbole du film lui-même, tourné avec peu de moyens, on peut le qualifier « d’imparfait », « d’inachevé », mais Kurosawa arrive à sublimer cette histoire par son talent, grâce à son art de la mise en scène, les cadrages soignés, le jeu avec la lumière ; grâce au don qu’il a de dépeindre les personnages et de nous les faire aimer. Cette journée en compagnie de Yuzo et Masako vaut le voyage…
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le 17 janv. 2023
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