Une journée d'un couple de prolos au budget très serré qui se transforme en une épopée sociale.

J'ai vraiment été conquis la simplicité et la sobriété apparentes du film. Un Merveilleux dimanche est un film posé qui réussit à imposer son rythme lent. Le scénario est minimaliste, les intrigues peuvent se dénombrer sur les doigts de la main et pourtant on est vite envoûté par la profondeur qui se dégage de l'ensemble.


Kurosawa parvient à aborder de nombreux thèmes relatifs à la condition sociale précaire d'une bonne partie des Japonais durant l'après-guerre : la pression du travail, les loyers hors de prix,le rapport à l'argent, la spéculation au vol, la spéculation, la moralité dans l'économie, etc.


Et il va même plus loin puisque l'ensemble soulève de nombreuses questions intimes et existentielles. Un adulte responsable doit-il annihiler sa part d'enfance pour faire face à la réalité ? Quelle place donner à l'ambition et au rêve dans sa vie ? Comment préserver ses valeurs et évoluer positivement dans une société partiellement "corrompue" ?


Tous ces thèmes sont abordés avec beaucoup de réalisme et de subtilité. Le film oscille naturellement entre de la légèreté, du pathétisme, des larmes, de la joie, de l'illogisme, de la naïveté, du pessimisme. Il respire la vie.


La naïveté apparente qui se dégage au début du film se transforme progressivement en une montagne russe émotionnelle.


Le film est découpé de manière linéaire en différentes scènes qui apportent chacune un regard sur la situation du couple. Nombre d'entre elles sont marquantes : l'immersion dans les coulisses sordides du cabaret, la rencontre avec enfant vagabond qui fait preuve d'une maturité et d'un cynisme dérangeant, la visite du zoo et ses commentaires puéril, la course folle pour se rendre au concert très vite stoppé par des spéculateurs qui rachète tous les billets à tarif réduit pour faire monter les prix, l'accueil d'une cliente imaginaire dans leur futur café du peuple et cette scène de fin, le concert fictif !


Cette scène magistrale invitant un troisième protagoniste bien connu des films de Kurosawa : le vent.
Cette scène qui casse le quatrième mur en implorant aux spectateurs d'applaudir pour les soutenir; au point où l'on se plait à imaginer le sursaut électrique qui a sûrement dû se propager dans les salles de projection à ce moment précis.
Cette scène qui enchaîne les travellings aériens avec précision.


De par sa capacité à soulever des problématiques encore très actuelles avec beaucoup de subtilité, il mérite clairement sa place au panthéon des bijoux du maître.

GigaHeartz
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le 2 mars 2016

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