Jean-Francois Richet. Le mec qui nous a pondu les deux Mesrine, qui sont, au niveau de l'intensité dramatique, des monuments du cinéma français de ces dernières années, et je pèse mes mots. Citez-moi une scène d'introduction au moins aussi réussie que celle de l'épisode 1 ? Et c'est ce même mec, qui revient avec Un moment d'égarement, une petite histoire de cul entre un bon père de famille et la fille de son meilleur ami. De ? Oui, c'est tout. Il était bourré, elle était encore plus chaude que la plus chaude de tes copines, et c'est le drame sur la plage. Non, merde, non mais les mecs, je vais foutre nos vies en l'air, oui, mais quand même, t'as un beau petit cul, jeune mineure, il y a de quoi utiliser sa pioche.
C'est tout parce que, contrairement à American Beauty, ou à Mesrine pour le citer à nouveau, la réalisation est inexistante, ce qui enlève tout l'intérêt du film. Car outre un désintérêt total pour l'objet cinématographique en lui-même, il y a aussi un gros blanc au niveau du scénario (où sont les idées, les rebondissements, où est l'humour et où sont les quiproquos ? En quoi est-ce une comédie ou un drame ?) et surtout, un manque total de tension sexuelle. La seule tension sexuelle existante dans ce film est amenée par Lola Le Lann, qui a marché sur moi mais pour de mauvaises raisons. Sur mon coeur de rockeur plus que sur mon coeur de cinéphile. Elle réalise néanmoins une prestation très honnête, et tient tête à l'envergure des acteurs autour d'elle. C'est fort. On ne peut décemment vouloir aborder ce thème et tenir 1h45 sans créer un cocon de désir prêt à imploser, un truc puissant, presque insoutenable comme avec Virgin Suicides, un truc organique. Ici, le sexe n'est présent qu'avec toutes les scenettes possibles et imaginables pour mettre mal à l'aise le personnage de Vincent Cassel. Ni plus, ni moins, nous sommes sur des mini-séquences, on dirait Les Infidèles, mais sans l'assumer derrière. Ce film ne présente aucune vocation à, aucun but, aucune sorte d'existence narrative ni morale.
Alors certes, Vincent Cassel est une fois de plus un mec de grande classe, qui utilise son charme naturel pour envouter le spectateur un peu trop acquis à sa cause. Ca se sait. Alice Isaaz, à titre personnel est une actrice que j'adore déjà, la crème de la crème à son âge, même si elle se retrouve un peu paumée dans un rôle de figuration clé. Mais Un moment d'égarement n'est pas un film. Ce n'est pas un film car il ne mise rien sur la technique, et tout sur l'idée d'origine qu'il tire, étire en longueur jusqu'à plus soif, et achève le spectateur d'une résolution, d'une part convenue, et d'autre part inutile. Le seul intérêt du film réside dans cette révélation et il ne se passe strictement rien. Seul le personnage de Alice Isaaz apporte alors quelque chose. C'est le titre parfait d'un réalisateur qui a voulu se faire un petit trip, et assouvir quelques pulsions nauséabondes, tel un Esparbec des petits jours, tel un mec qui avait un fantasme paumé d'un vieux souvenir de vacances, et qui s'est mangé sérieusement le mur impitoyable de ce qu'on appelle le cinéma.
(Un bonus, car vous le méritez, après la critique de ce non-film un peu indigeste. Quelques images sont à "caractère sexuel", donc n'ouvrez pas la page si votre mère est à côté en train de lire Voici ou un autre magazine cliché du même style.)