"Un Monde" n'est probablement pas LE "film choc" sur le monde scolaire vendu par certains médias mais demeure néanmoins un vrai bon premier film posant des questions fondamentales.
Ainsi si l'enfance dans tout ce qu'elle peut avoir de triste et cruel a déjà été filmée dans, également des premiers longs-métrages, de Maurice Pialat (" l'Enfance nue") et François Truffaut (" Les 400 Coups"), Laura Wandel réalise le tour de force de transposer à notre époque l'angoisse, les hauts le coeur ressentis par des enfants brisés par le système scolaire.
En effet mis à part une jeune institutrice qui fait tout son possible pour aider et rassurer Nora, ses collègues sont impuissants voire indifférents au sort de leurs élèves. Et cette indifférence fait sacrément froid dans le dos mais est malheureusement souvent réelle (j'en ai fait les frais mais ce n'est pas le sujet de cette critique).
Quant aux "questions fondamentales" posées par "Un Monde" elles portent, selon moi, sur le rôle des adultes dans la profusion de violence verbale et physique dans le cadre scolaire mais aussi sur les bourreaux et leurs victimes directes ou collatérales qui peuvent à tout moment passer dans le camp des bourreaux non par pur plaisir sadique mais seulement pour tenter de survivre.
Enfin esthétiquement, l'utilisation ponctuelle du hors-champ (je pense notamment à la scène du cours de gymnastique ou bien celle de la confrontation entre les parents et les élèves) est employée intelligemment
De plus la violence n'est pas esthétisée, elle est mise en scène avec force et est sans concession mais n'est pas tapageuse.
J'ai retenu mon souffle à plusieurs reprises et cela sans doute grâce au jeu très juste, criant de vérité du duo de jeunes acteurs fusionnels
"Un Monde" a le mérite de marquer durablement les esprits, devrait être visionné dans les classes afin qu'un "électrochoc" ait lieu dans le milieu scolaire et c'est déjà pas si mal.