Je n’imaginais pas Peckinpah capable d’autant de tendresse, envers son récit et chacun de ses personnages, capable d’une parenthèse – quasi une comédie – aussi douce entre La horde sauvage et Chiens de paille. Son tempérament nihiliste se loge masqué ici dans une trahison introductive aux vertus finalement providentielles et dans une vengeance macérée qui n’aura pour ainsi dire jamais lieu.
Malgré tout c’est toujours la violence qui régit les relations humaines, chez Peckinpah, il suffit d’évoquer le destin du premier client de Cable Hogue dans le désert autant que le côté pernicieux d’un prêcheur lubrique qui joue sur la crédulité des gens de foi, mais pas de grandes scènes virtuoses de violence pure et directe. Ce seront plutôt les nouveaux moyens de transport qui symboliseront la fin d’une ère et à fortiori celle de Cable Hogue.
Reste un coin de désert où l’eau surgit comme par miracle et permet à ce personnage magnifique, de se construire une concession entre deux villes, un relais de diligences permettant d’abreuver les voyageurs. Il rencontrera aussi la belle Hildy, la seule pour laquelle il envisage de sortir du désert.
C’est évidemment un bonheur de retrouver Jason Robards, Stella Stevens et David Warner là-dedans dans les rôles respectifs de l’entrepreneur, la prostituée et du prédicateur, trois parfaits témoins de l’Amérique, du far west ou de l’ère moderne. À noter que la photo, la musique et les chansons, tout est génial dans Cable Hogue.