En nous présentant des garagistes comme s'ils étaient des médecins, la première scène d'Un nouveau départ donne le ton d'une comédie douce et décalée, n'hésitant pas à flirter avec l'absurde.
Cette voiture, c'est celle de d'Henry Graham, un riche héritier dont nous sommes invités à suivre la déchéance. En effet Henry n'est plus si riche que cela, il se trouve qu'il est même complètement pauvre, et cela, il ne peut l'accepter. Personnage improbable, aussi détestable qu'amusant, autant goujat que risible - il suffit de le voir avec son casque dans sa voiture pour en comprendre le caractère grotesque - voir Henry chercher une nouvelle femme pour s'enrichir fait grommeler puis sourire en quelques instants, au rythme des situations incongrues et des dialogues légers dont le côté pince-sans-rire est hilarant.
Cette femme il va la trouver en la personne d'Henrietta Lowell (campée par Elaine May qui réalise aussi le film), une riche héritière marginale et candide qu'il saura séduire par le mensonge. Après leur mariage, le film prend une toute autre direction. Après l'intermède surprenant où il se rend compte que les employés abusent aussi de la naïveté d'Henrietta - tout comme lui, mais ce n'est pas pareil enfin - Henry commence alors à méditer le meurtre de cette femme qui l'empêche de retrouver sa vie d'avant, lorsqu'il était riche mais aussi seul. Alors qu'il court derrière son but de meurtre conjugal - nous régalant au passage de quiproquos et autres drôleries - le film parvient à garder l'humour particulier qui lui est propre - ne cessant de nous surprendre en transformant l'infâme en risible - sans trop s'essouffler, nous menant à une conclusion, hélas, fort rapidement expédiée.
Elaine May signe donc avec Un nouveau départ une comédie peu commune, poussant ses personnages à l'extrême (que ce soit dans la naïveté ou dans la nonchalance), utilisant l'absurde autant que l'ironie (notamment dans l'utilisation de la musique), elle nous téléporte dans un monde presque cartoonesque où même les sentiments les plus infâmes prêtent à rire : c'est de la bonne came !