Les Cinexpériences ne sont pas toujours le théâtre de découvertes fameuses. Si ça l'a été pour La Fameuse Invasion des Ours en Sicile ou encore La Fille Au Bracelet cette année, ce n'est pas le cas pour ce film.
Tout simplement parce qu'il mélange beaucoup de choses sans nuancer.
Déjà, la mise en scène est odieuse. C'est à dire qu'on a du gros plan à l'épaule sur les visages des gens qui parlent et parfois pleurent. On insiste bien sur les pleurs, hmmm vas-y, chiale, ça fait grimper l'audience. Hmmm attends je zoome sur ton oeil, là. On la voit, la larme ?
C'est du voyeurisme, en fait. On dirait du torture-porn éthique. Et bien que j'apprécie le torture-porn dans son côté immoral et spectacle sanguinolent gratuit, ici on est vraiment dans le côté "moral" parce qu'on montre des gens gentils, des gens bons, qui pleurent akozke lé flik isson pa tré koule. Peu importe du camp dans lequel nous sommes, je ne suis ni ACAB ni STIFO, c'est vraiment tape à l'oeil (oops). C'est indigent et crasseux.
Bien que j'apprécie les Gilets Jaunes en temps normal (c'est ma caution bobo), là c'est vraiment une surenchère de malaise. Alors on a tout un tas d'intervenants qui viennent de tout bord : historiens, sociologues, militants, délégués, policiers. Cela permet de faire semblant d'avoir un point de vue neutre de par la multitude d'avis venant de chaque bord politique (notamment le chef de brigade de police, un truc comme ça dont la parole faisait beaucoup rire les spectateurs) parce qu'en réalité, le film se place du côté du "peuple". Enfin, les historiens et sociologues avaient au moins le mérite de citer des philosophes comme Arendt ou Rousseau pour parler de la police. Là on avait de vrais avis construits et pas juste du ressentiment "oui la poliss él é pa jenty". L'un d'entre eux cite également Pasolini quand il parlait de Mai 68. Voilà de la proposition. Sauf qu'on ne s'attarde pas tant que ça là-dessus alors ça ne dit pas grand chose et c'est dommage.
Et alors à un moment, on a un parallèle avec Zyed et Bouna, deux jeunes de banlieues morts après avoir échappé à un contrôle de police (ce n'est pas la police qui les a tué, donc). Enfin c'est vraiment débile. Ca mélange tout. C'est juste là pour surfer sur Black Lives Matter et c'est presque immoral, en vrai. Parce que ça va vouloir rallier tout le monde à sa cause alors que tout est à nuancer.
Enfin, le film est ponctué de vidéos prises par les manifestants et parfois des journalistes. Donc on a de tout, y compris les mains arrachées ou les gens qui se font percuter le crâne.
Pour le plaisir de tous !
Nan, vraiment, ne voyez pas ce film...