Si ce documentaire est indiscutablement nécessaire au débat sur la (l’il)légitimité des violences policières, s’il apporte également un éclairage sur les brutalités (non physiques mais morales) de la société pour nombre de déclassés dans notre pays, s’il questionne bien les dérives possibles vers des Democratures qui se prémuniraient au nom de l’ordre public, je suis resté sur ma faim pour plusieurs raisons :
- Le documentaire qui se voudrait objectif n’interroge que des sociologues, avocats, philosophes, journalistes clairement politisés. Les seuls policiers interrogés sont bien rares (certes il a du être difficile d’en trouver) et un de ceux là est humilié par le procédé où il admet difficilement la violence évidente et illégitime de ces collègues. Mais on oublie le courage qu’il lui faut pour apparaître ici et le lynchage évident qu’il subirait s’il dénonçait ses collègues.
- le documentaire ne se focalise que sur l’augmentation des violences policières. Mais il ne parle presque pas de l’augmentation des violences tout court durant ces manifestations . Seul un des intervenants explique très bien l’envie, le besoin de certains manifestants de se confronter directement au pouvoir, symbolisé par la police, et dont la brutalité est beaucoup plus diffuse au quotidien.
- certains intervenants soutiennent cette thèse selon laquelle c’est l’état qui par sa politique sociale serait violent avec le peuple (le témoignage de la mère qui parle des APL). Il y a pour moi ici un contre-sens à vouloir faire croire que l’Etat peut tout et qu’il serait responsable de la paupérisation des gens. La violence des petites phrases assassines du président, certes. Mais L’Etat est bien plus redistributeur en France que dans plein d’autres pays. C’est mondialement en revanche que depuis quelques années les écarts entre plus riches et plus pauvres croissent de nouveau.
Dommage qu’il n’y ait aucune réflexion sur le vivre ensemble si ce n’est cette sociologue expliquant brillamment que la démocratie c’est accepter le dissensus.
On aimerait enfin que le film nous propose des pistes pragmatiques sur les méthodes pour éviter cet engrenage de violence dans les manifestations (de nombreuses expérimentations dans différents pays européens existent pour éviter cette escalade).
Toutefois ne serait-ce que pour tout le débat constructif qu’il engendre, merci à David Dufresne pour ce documentaire