Quand la comédie n'est pas qu'affaires de grimaces et qu'elle a un fond,elle fonctionne. Et Pascal Chaumeil l'avait déjà compris dans l'Arnacoeur et le réitère avec situations et dialogues à propos. Ici, le dispositif d'Un Petit Boulot tourne autour de la nécessité qui lève bien des frontières morales et change un homme. Jacques, campé toutes en nuances par un Romain Duris heureux de jouer, n'est pas un lapin de trois jours puisqu'il aime boire, jouer et sait qui est Gardot (Michel Blanc enfin de retour et génial en faux escroc sympathique) puisqu'il fréquente ses parties de cartes clandestines. Le petit boulot en question ne surprend guère le jeune chômeur et il va le prendre surtout pour se sentir exister. La suite, et c'est ce qui est intéressant, c'est la relation entre Gardot et Jacques qui va s'étoffer et emmener le spectateur dans de drôles de scènes où on ne sait plus qui mène la danse et lequel des deux a le plus besoin de l'autre dans leur association presque contre-nature. De plus, Chaumeil filme à merveille l'ambivalence, ses personnages pas complètement honnêtes ni complètement pourris et nous les rend sympathiques au delà de leurs actions répréhensibles.Le tandem Blanc-Duris fonctionne mais les seconds rôles comme Kervern et Bélaïdi ont de bonnes partitions à l'image de François Damiens et Julie Ferrier dans l'Arnacoeur. Le portrait de cette société faussement lisse où les pires salauds en costard donnent des leçons à leurs collègues subalternes ( partie avec Alex Lutz dans la station service) montre également nos ignominies quotidiennes avec justesse. Et l'imperfection de Jacques le néo tueur et ses discussions cash avec Gaudrot reflèteraient même les vrais relations humaines,à l'ancienne. Avec un petit boulot, le spectateur rit, cogite de l'état préoccupant de notre société et conçoit que l'essentiel de la vie est juste dans les petits râtés qui résonnent.A l'image de ces nettoyages qui peuvent foirer ou le verre de bière qu'Anita renverse sur Jacques. Voilà un bon moment de cinéma et on ne boude pas son plaisir de l'avoir traversé pour ses propositions et où l'hygiène de l'assassin paraît moins immorale qu'une société impitoyable.

Specliseur
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le 11 sept. 2016

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