On peut faire crédit à Clovis Cornillac de beaucoup de choses pour son premier film, le plus important étant sans doute un vrai respect pour le genre, qui permet à "Un Peu, Beaucoup, Aveuglément" de dépasser allègrement la masse assez répugnante de la "comédie franchouillarde" qui nous fait généralement honte : le point de départ du film est un "concept" fécond (disons "s'aimer sans se voir,... et après ?") comme il était de mise à la grande époque de la comédie (l'axe Lubitsch - Wilder, à mon sens inégalable), développé qui plus est avec un vrai respect des personnages, en particulier de la partition des personnages secondaires chargés de ramener de la "vie", voire du "danger" dans le programme. De plus, Cornillac multiplie les bonnes idées de mise en scène pour éviter la claustrophobie inhérente à son dispositif, une chose pas si courante, surtout chez un débutant. Alors, pourquoi "Un Peu..." échoue-t-il finalement et ne nous enchante-t-il pas ? Sans doute à cause d'un déroulement beaucoup trop prévisible de son parcours d'obstacles vers ce couple forcément réalisé dans le dernier plan du film, à cause d'un excès de bons sentiments (une dose de méchanceté n'aurait pas fait de mal !), et surtout, surtout, à cause d'une complaisance exagérée envers les clichés les plus ridicules de l'interprétation musicale du répertoire classique (la pianiste complexée qui se "libère" en dénouant ses cheveux et ouvrant son corsage... pitié !). On passe donc une fois de plus à côté de LA comédie française de l'année, qu'on continue d'espérer.


PS: Nos "artistes" devraient aussi comprendre que la population française ne se divise pas uniquement entre les bons bourgeois écoutant Chopin et les autres fans de... Serge Lama (ou Cloclo, ou Michel Sardou...). La démonstration aurait été beaucoup plus pertinente si Cornillac avait illustré une passion pour Radiohead ou Blur, non ?

EricDebarnot
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le 28 mai 2015

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Eric BBYoda

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