Plus de 2 ans après la fin du mouvement des Gilets Jaunes, on pourrait se demander si l'arrivée d'un film racontant le parcours (l'épopée?) d'un groupe de GJ de Chartres est encore d'actualité.
Après avoir vu le film, la réponse est définitivement oui, absolument. Ces années passées apportent le recul nécessaire et révèlent à quel point les raisons de la colère sont toujours (plus) présentes.
De l'enthousiasme des début, la découverte de la lutte collective, les tentatives de structuration du mouvement jusqu'à l'épuisement, la peur face à la répression et les crises internes, le film a une ambition folle : faire exister un mouvement de son échelle la plus intime et individuelle à l'échelle la plus grande et universel. On se retrouve soi-même dans ces portraits de simples humains projetés dans le grand tambour de la révolte. C'est fort, politique et profondément humain.
Et surtout, c'est du cinéma : il suffit de voir les somptueux travelling du début sur les pavillons et les cités périurbaines, accompagné par la musique de Nino Ferrer, pour comprendre qu'ici l'esthétique a du sens. Les GJ sont ancrés dans un décor que le « progrès « (celui décrit dans la chanson) a créé pour eux : un univers déshumanisé ou les individus sont atomisés, un univers où ils recrée de l'humanité.
Puis ce sont les séquences de manifestation à Paris qui nous percutent et nous emportent comme jamais on ne l'a été (et pourtant on en a bouffé de ces images ultra médiatisées). Comment ? Parce que la caméra suit les protagonistes. C'est à travers eux qu'on vit les évènements, qu'on vit l'excitation et la peur, les espoirs et désespoirs. C'est simple et magnifique.
Un grand film qui redonne sa dimension épique à un moment de l'Histoire de France.