Le réalisateur Barbet Schroeder, vingt-huit ans, ancien critique de cinéma, producteur de films (Paris vu par..., la Collectionneuse, Ma nuit chez Maud), entre autres), ne l'a d'ailleurs pas caché : More s'inspire d'une histoire authentique.
Histoire assez banale, au demeurant... Un garçon, jeune, beau, disponible, rencontre une fille dont il s'éprend aussitôt. Il la suit à Ibiza (autre patrie des " hippies "). Cette fille se drogue (tout y passe : haschisch, marijuana, L.S.D...) et se pique à l'héroïne. Le garçon commence par s'opposer à cette destruction, à ce lent suicide, mais il aime trop la fille, il lui est trop sensuellement attaché, pour ne pas être tenté, un jour, de l'accompagner dans un de ses " voyages ". Dès lors il est perdu. L'héroïne tue. Il mourra d'une injection trop forte.
More est donc avant tout une histoire d'amour, l'histoire d'une passion que l'usage de la drogue rend fatale. Stephan meurt d'avoir aimé Estelle, qui déjà, avant lui, avait anéanti deux hommes. Dans un couple, quand l'un se drogue, la perversion de l'autre est presque inéluctable. Là est le drame. Et c'est ce drame, cette angoissante emprise de l'ange de la mort sur un être que le bonheur d'aimer condamne, dont Barbet Schroeder décrit avec un réalisme parfois atroce et une sensibilité exacerbée les pénibles étapes.
Ce film fascine comme une plante vénéneuse. On en a déjà tant parlé qu'il va sans doute remporter un succès considérable. Succès qu'il devra à ses qualités propres (qu'il convient d'ailleurs de ne pas surestimer) et à ses interprètes (l'Américaine Mimsy Farmer et l'Allemand Klaus Grünberg sont remarquables dans leurs rôles d'amants tragiques, elle surtout, d'autant plus inquiétante que son visage n'est que pureté, fraîcheur et transparence), mais davantage encore à un sujet jusqu'ici tabou et dont l'actualité vient de s'emparer de manière dramatique.