Film noir tourné à la lumière d'un soleil aveuglant, oeuvre du réseau européen réalisée sur les traces de la Beat Generation, premier long métrage d'une carrière des plus éclectiques et des plus surprenantes... More est tout cela et bien plus encore !
Barbet Schroeder explore déjà les chemins tortueux d'une expérience limite avec ce drame tragique abordant l'univers des paradis artificiels sous un regard frontal, filmé à juste hauteur. A l'instar de ses films ultérieurs More parle déjà des dépendances et des rapports conflictuels animant ses protagonistes. Clairement ancré dans son époque ( nous sommes à l'aube des années 70 ) More contient d'ores et déjà toute la puissance et toute la densité du cinéma de Barbet Schroeder : des enjeux scénaristiques solides, une réalisation sans esbroufe mais terriblement efficace et une direction d'acteur menant à l'essentiel.
More peut se voir comme un parcours initiatique ponctué d'étapes tour à tour mystiques, évanescentes et douloureuses... Il s'agit pour Schroeder de montrer d'une manière suffisamment objective cette lente descente aux enfers, le cinéaste éludant énormément les passages obligés du genre. Il n'y aura donc dans More que de très rares fulgurances psychédéliques et pratiquement aucun effet spécial, le réalisateur mettant un point d'honneur à filmer les états seconds vécus par les personnages plutôt que leur représentation subjective. Nulle complaisance ne vient alourdir le propos de ce film rejetant tout forme de spectacle ou de sensationnalisme, drame sublimé par la photographie calcinée du grand Nestor Almendros et par la bande-son planante des Pink Floyd. Un grand film.