Lorsque je suis tombé un peu au hasard sur Un Plan d’Enfer, j’en n’avais tout simplement jamais entendu parler. Ce n’est pas faute de trainer pas mal sur la toile sur moult sites à la recherche de petits films potentiellement sympas à regarder. Et pourtant, le casting est tout bonnement excellent : Christopher Walken (Dead Zone, Voyage au Bout de l’Enfer), Morgan Freeman (Les Evadés, Robin des Bois) et William H. Macy (Fargo, Boogie Nights). Du lourd dans le genre vieux baroudeurs qui n’ont plus rien à prouver. Et après en avoir parlé un peu avec mon entourage, je me suis vite rendu compte que je n’étais pas le seul. Absolument personne ne connait ce film de 2009 sorti discrètement aux States directement en DVD/BR, et encore plus chez nous cinq ans plus tard. Certes, Un Plan d’Enfer n’est au final qu’une gentillette comédie un peu naïve qu’on oubliera assez vite. Mais quand on voit le nombre d’étrons qui déboulent tous les mois, il y a de quoi rester assez interrogatif, voire dubitatif. C’est le grand mystère de la distribution…
Un Plan d’Enfer raconte l’histoire de Roger (Christopher Walker), sexagénaire travaillant en tant que gardien de musée, qui est depuis de nombreuses années littéralement amoureux d’une peinture, The Lonely Maiden, qu’il contemple chaque jour avec une admiration ayant de quoi rendre jalouse n’importe quelle femme. Il apprend que le musée, afin de faire rentrer de l’argent, a décidé de vendre toute sa collection à un musée au Danemark et de la renouveler par une autre. C’est le drame pour Roger qui ne peut pas s’imaginer passer une seule journée sans admirer sa toile. Alors qu’il est malheureux au point de proposer à sa femme Rose (Marcia Gay Harden) d’aller prendre sa retraite au Danemark alors que cette dernière préférerait le soleil de la Floride, Roger est contacté par Charles, un autre gardien du musée qui lui aussi est éperdument amoureux d’une toile, La Femme aux Chats. Il lui apprend que George (William H. Macy), un agent de sécurité du musée, est dans le même cas qu’eux, mais pour une sculpture, L’Homme de Bronze. C’est alors que l’un d’eux a une idée : Et s’ils volaient les œuvres et les remplaçaient par des fausses ? Le musée au Danemark n’y verrait que du feu et eux pourraient continuer à admirer l’unique et vraie raison qui les poussait à se lever tous les jours pour aller travailler malgré leur âge avancé. L’idée est bonne, mais il va falloir désormais mettre en place un plan et le mettre à exécution. Le tout, bien entendu, sans que personne ne s’aperçoive de rien.
Il est à noter que, sans parler de remake, le film s’inspire énormément d’une série de films danois appelés « Olsen Banden » débutée en 1968 et qui se composera de pas moins de 14 films. Certains personnages, tel que celui de Marcia Gay Harden, sont d’ailleurs des quasi copier/coller (jusque dans les mimiques ou la façon de s’habiller). Mais le réalisateur ne cherche jamais à s’en cacher, d’où le fait que le Danemark soit le point d’arrivée de la collection du Musée, un peu comme si on rendait à César ce qui est à César.
Bien entendu, l’intérêt principal du film est le trio d’acteurs Walken / Freeman / Macy. Ils sont toujours aussi géniaux, n’ont plus rien à prouver, et semblent prendre un plaisir fou à interpréter ici des gens complètement ordinaires. Des gens ordinaires qui vont faire quelque chose d’extraordinaire pour voler des œuvres d’art. Non pas pour l’argent qu’elles pourraient leur rapporter. Mais juste pour l’admiration, la fascination, l’amour qu’ils ont pour elles, car elles ont quelque part apporté un sens à leur petite vie. Des petits anti-héros tout simples pour un film qui essaie de véhiculer un message positif sur l’amitié, sur l’amour, sur le fait qu’il n’y ait pas d’âge pour réaliser ses rêves… Oui, Un Plan d’Enfer a un côté un peu naïf, un peu old-school quelque part même. C’est ce qui fait son charme, avec ces personnages qui deviennent très rapidement attachants, malgré une action pas très catholique (le vol donc), au point qu’on espère un happy end (moi qui n’en suis pas très friand habituellement).
Mais avec un tel casting, on aurait clairement pu espérer mieux. Les péripéties des protagonistes ont un côté quelque peu insipide, et ce même en prenant l’ensemble au second degré étant donné qu’on reste dans une comédie. Le script aurait mérité un peu plus de travail, avec par exemple un méchant (il n’y en a pas réellement, si ce n’est eux-mêmes) qui aurait pu apporter un peu plus de suspense, d’enjeu. Le déroulement du film est du coup très prévisible, avec pas mal d’invraisemblances (ou de facilités scénaristiques, c’est selon) qui n’aideront forcément pas.
Complètement méconnu du public malgré un casting trois étoiles de vieux baroudeurs du cinéma, Un Plan d’Enfer est une comédie plutôt mignonne, matinée d’action, sur laquelle flotte un doux parfum de naïveté. Rien de bien marquant à l’horizon malheureusement, mais néanmoins un agréable moment.
Critique originale : ICI