Si My Blue Heaven est un échec sur toute la ligne – nous pourrions sauver, à la rigueur, une scène de danse plutôt drôle qui joue sur les effets de montage –, c’est parce qu’il n’a aucun sens du comique et ne dirige pas les comédiens qu’il emploie : voici venir un Steve Martin chevelu en roue libre qui de diablotin burlesque – puisqu’il s’agit de traiter un sujet haut avec bassesse, ici la protection d’un témoin devant témoigner – devient énergumène épileptique ; voici venir un Rick Moranis dans le rôle du gentil de service un peu benêt qui n’a strictement rien à interpréter. On ne saurait réaliser une comédie réussie sans l’aborder comme une opération militaire où les répliques sont des duels et tirent des salves de mots hilarantes, où le rythme des manœuvres est savamment orchestré par le montage et ne laisse pas de place au hasard, où les protagonistes s’affrontent, chacun dans leur registre, jouant double jeu, triple jeu et rappelant au passage qu’ils sont avant tout des comédiens. Or, en lieu et place, une succession de saynètes mal reliées les unes aux autres et déclinant chacune à sa manière l’hyperthème du mafieux malpoli qui prend plaisir à changer le prix sur les emballages de viandes. Ajoutez à cela un chapitrage aussi redondant qu’inutile, et vous obtiendrez une boursouflure jamais drôle et très très longue qui ne mérite pas le talent de son duo de tête.