Toujours aussi inoffensive, réduisant une matière politique brûlante en un simple décorum devant lequel s’activent des acteurs tirés de leur retraite, Coming 2 America s’affirme telle une suite inutile et décevante qui rejoue l’intrigue sentimentale du premier volet en se contentant de renverser les dynamiques – se rendre à New York pour retrouver un fils, tomber amoureux dans le royaume de Zaminda, repartir à New York vivre librement, revenir au royaume pour s’y marier. D’incessants allers-retours jalonnent un long métrage dépourvu de scénario véritable, recyclage de répliques et de postures piquées à l’œuvre originale. Nous avons l’impression d’avoir sous les yeux non un film à part entière mais une longue et périlleuse cérémonie d’hommage, de la même façon que le roi orchestre son propre enterrement afin d’y assister vivant – donnant lieu à la meilleure séquence.
Eddie Murphy reste curieusement absent, en retrait alors même qu’il occupe le premier plan ; son fils bâtard, interprété par Jermaine Fowler, suit les recettes des pseudo-acteurs balancés dans ces blockbusters à la mode, gorgés de second degré parce qu’incapables d’assumer le sérieux des situations mises en scène. Dès lors, ce Coming 2 America ne procure que le plaisir de retrouver les personnages du film original, plus proche sinon du troisième volet de la saga Big Mamma (Big Mommas: Like Father, Like Son, John Whitesell, 2011) – dans lequel, souvenons-nous, ça chantait déjà !