Malik aurait du rester enfermé
Le problème avec le Prophète de Audiard c'est qu'il voit trop grand. La première moitié est franchement très bonne, voire excellente. L'univers carcéral a rarement été montré avec autant de crudité dans le cinéma français. C'est aussi glamour que Barbès un samedi après midi avec des mecs habillées en jogging, des coupes de cheveux ringardes et des murs gribouillés. Malik tente de s'en sortir en entourloupant tout le monde, se perdant un peu lui même au passage.
Le film bascule doucement du film carcéral au film de truands. L'action n'a plus lieu dans la prison mais en dehors, lors des perms de Malik. Ce dernier, analphabète un peu sauvage au début est devenu un génie de la machination parlant parfaitement le corse. Ça commence à canarder ici ou là, y a du sang, des insultes. L'oppression du huis clos s'estompe. En revanche les mecs restent toujours aussi moches.
On finit par ne plus croire à l'histoire et Malik, pour qui on pouvait avoir un minimum de pitié au début devient quelqu'un d'assez peu recommandable. Audiard fait alors du Olivier Marchal.
Jacques Audiard s'est un peu enflammé avec son Prophète qui demeure toute de même supérieur à la majorité de la production française.