Dur, violent, polyglotte, clanique, filmé dans un style oscillant entre le documentaire caméra à l'épaule et des fulgurances typiques d'Audiard, entre l'image en flamme et ces pourtours d'ombres caractéristiques, Un prophète est un film qui peut difficilement laisser insensible.
Au delà de son scénario finalement classique narrant l'ascension semée d'embûches d'un jeune délinquant vers les sommets du grand banditisme dans l'univers carcéral, la qualité de ce film repose surtout sur la performance du tandem formé par Tahar Rahim, épatant de naturel, et Niels Arestrup, qui impose par sa simple présence une densité palpable à chacune de ses scènes.
Comme toujours, Audiard fait du Audiard, on est en terrain connu, que ce soit au niveau de la réalisation, du grain de l'image, de la BO ou de l'excellent mixage du Son, marque de fabrique des productions du réalisateur depuis Sur mes lèvres.
Un prophète illustre surtout à mon sens la capacité de l'humain à s'adapter, évoluer pour garantir sa survie, le côté visionnaire du personnage principal poussant cette idée jusqu'à sa part mystique. L'univers de la prison n'est pas le thème mais le décor d'une histoire plus universelle.
Un grand film.