Je ne sais plus qui disait - peut-être Juan Asensio ? - que celui qui n'évoquait pas le bien et le mal au cinéma était un cochon. À cet égard, Jean Giono et son réalisateur François Leterrier semblent avoir pris au mot notre aphoriste supposé et ont tout fait pour parsemer leur oeuvre de symboles rappelant tour à tour la pureté ou le péché, la présence ou l'absence, mais surtout l'ennui, celui dans lequel le diable vient s'immiscer. Mais s'ils l'ont fait parfois avec brio, ils l'ont le plus souvent fait avec gaucherie, multipliant les lourdes allusions, brisant le plaisir de l'initiation, amorcée avec une superbe et inoubliable chanson de Jacques Brel. Jamais le film ne se départit assez de son pendant littéraire, et si les personnages sont admirablement bien joués, ils sont avant tout trop bavards, ils nous expliquent en long et en large ce à quoi nous assistons - à savoir le vice qui s'installe dans l'ennui. Les métaphores sont poussées jusqu'au bout, jusqu'à même subir l'avant-goût de la réalité avec une scène de battue au loup assez improbable.
Le film ne manque donc pas d'ambition, mais là où, s'il fallait trouver une comparaison, le Szürkület de György Fehér sait faire parler l'image d'elle-même, elle est ici bien trop carencée pour pouvoir parler de chef-d'oeuvre.