Il est bien mal aisé, après avoir regardé "Ce répondeur ne prend pas de messages", de poser l'acte réducteur qui est le fondement de ce site, à savoir mettre une note chiffrée qui résumera notre impression et qui incitera ou non les surfeurs - ceux qui glissent sur la surface - trop peu curieux pour lire les critiques à se procurer une copie du film et à le regarder. Car ici cette fameuse note chiffrée a bien peu d'intérêt face à l'oeuvre que nous propose Alain Cavalier et je ne voudrais pas que la note moyenne que je lui appose superficiellement empêche certains d'apprécier l'art et la triste beauté dont elle est parsemée.
Si je prends pourtant la peine d'expliquer mon acte, c'est parce que pendant le visionnage, j'ai eu le sentiment malsain d'être un voyeur, de contempler et de décortiquer des pensées beaucoup trop personnelles pour être dites. La passion dévorante et destructrice qui anime les actes du personnage m'a déstabilisé et m'a gêné. "Ostentatoire" est le mot qu'utilise Olivier Bitoun pour qualifier le film. Je ne peux que lui donner raison. Sa distribution n'était d'ailleurs pas prévue lors de sa réalisation. C'est Marin Karmitz, parait-il, qui insistera pour que cela se fasse.
Alors, au-delà de toute considération d'ordre artistique, j'aimerais souligner l'extrême intimité de cette oeuvre et même si elle a pu faire écho à quelque amour brisé de mon adolescence, je n'ai pas pu m'empêcher de la visionner avec un respect forcé et la distance cynique de celui qui s'il ne peut pas comprendre, méprise un peu.