Ce film c'est "un peu" le Visite ou Mémoires et Confessions de Cavalier. Je reprochais justement au film de De Oliveira d'être un peu froid, de ne pas nous partager les détails, ce qui donne de la vie, de la consistance à un film, et ceci d'autant plus s'il parle de l'auteur lui-même. Et c'est un peu ce que fait Cavalier ici.
Alors le film est très surprenant et avec le DVD il y a un petit livret qui explique ce qu'est ce film : "le plus long fondu au noir au monde", c'est un fondu au noir de plus d'une heure d'un type qui déprime dans son appartement. Et forcément c'est intéressant, c'est intéressant lorsque Cavalier raconte des détails, des petites choses, ce que j'aime chez lui. On sent déjà ce que pourra donner bien plus tard des films comme Irène.
Cependant il faut connaître la vie de Cavalier, car il est pudique, il ne montre pas son visage, il n'ose pas vraiment donner des noms, dire que c'est de lui dont il s'agit. Il utilise la troisième personne, il a le visage totalement bandé et pourtant il dit des choses et si on recoupe avec ce que l'on sait de lui... on apprend des choses, des petites choses, des détails insignifiants, mais qui font sens pour comprendre cet enfermement dans le noir de ce type enfermé dans son appartement.
Parce qu'il y a une scène vraiment touchante où Cavalier lit, ce que je comprends être, le procès verbal rédigé lors de l'accident qui entraîna la mort de sa femme une petite dizaine d'années plus tôt. La scène pourrait être anodine, elle l'est, c'est d'ailleurs ça le réel tragique, celui qui refusa la priorité à sa femme parle d'un regrettable accident, comme si de rien n'étant... comme si en face une vie n'était pas brisée.
Et pour ça, pour ces petites choses, pour ces moments où Cavalier arrive à parler de lui, et pour le côté expérimental de la chose, ça fait de Ce répondeur ne prend pas de message, un film à voir, même si certes il est à des années de la qualité d'un film comme Irène.