Claude Miller a toujours été un cinéaste intimiste et soucieux de traquer les ressorts humains. Dans cette réalisation des années 2000, il continue son chemin parsemé souvent d’adaptations de (bons) romans et de petites touches très justes sur la vérité des êtres et leurs rapports secrets. Le secret, justement, titre qui pourrait résumer toute l’œuvre de Miller, est ici au centre du propos. Un secret pesant qui rejoint dépasse même les fantasmes les plus secrets. Dans ce beau film qui traite de manière très personnelle de l’occupation et de la Shoah, Miller promène une caméra pudique sur une famille en apparence comme les autres, qui va s’avérer porteuse d’une histoire douloureuse, dont le souvenir hante les uns et dont la révélation va changer la vie du petit garçon chétif, futur père de famille, joué avec une sobriété exemplaire (dont il n’est pas toujours coutumier) par Mathieu Amalric. Les questions sont nombreuses après avoir vu ce film et on ne peut qu’en cite quelques-unes. Est-il possible d’oublier l’indicible ? Le présent peut-il se décharger du poids du passé ? D’une manière plus générale et pour en revenir à un propos qui rejoint celui de la création cinématographique, les images peuvent-elles tromper ? Du côté de l’interprétation, tous les acteurs sont à féliciter : Cécile de France, plus belle que jamais, Patrick Bruel qui tient peut-être là son meilleur rôle, Julie Depardieu comme toujours rayonnante de charisme et de bonté et Ludivine Sagnier diaphane, qui poussera le sacrifice à son point ultime… Une réussite incontestable, qui éclaire encore un peu plus l’œuvre d’un cinéaste trop peu reconnu et qui est pourtant un des maîtres de la psychologie sur grand écran.