Un silence ennuyeux
Le sujet, grave et douloureux, de la pédophilie et de la pédopornographie, est saboté par un montage confus, surtout au début, un scénario mal construit qui ne développe pas assez le personnage...
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le 5 janv. 2024
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Réalisateur et scénariste belge, Joachim Lafosse s'intéresse principalement au cercle intime et ses difficultés : "À moi, on me donne une caméra et je filme exactement ce qu’on ne montre pas : les moments où l’on se dispute, où il y a des bagarres, des tensions".
Après les Intranquilles, le réalisateur présente son dixième long-métrage, Un Silence, sur un thème dans la même veine. Ce film nous plonge dans la sphère privée d'une famille très aisée, profondément déstabilisée par le comportement déviant et abominable depuis 30 ans du père François Schaar, ce grand avocat de renom.
Joachim Lafosse nous la fait découvrir par touches successives, dans une mise en scène au départ brouillonne, avec rythme et flashback fréquents se confondant avec la réalité. Cette atmosphère instable place le spectateur dans un inconfort quasi suffocant. Une ambiance qui va grandissante au fur et à mesure que l'on découvre les conséquences de ses agissements sur son fils jeune adulte, rendu gravement instable depuis des années, et qui aujourd'hui se rebelle, malgré la protection de sa mère et de sa sœur.
Il fallait bien l'immense talent d'un Daniel Auteuil pour accepter d'incarner avec aplomb et vérité un tel personnage, ce salopard impertinent, sûr de lui et tellement habile, au point de savoir s'abriter derrière ses dossiers d'avocat spécialisé en pédo-criminalité pour tenter de se disculper quand l'étau de l'instruction policière se resserre.
Mais le joyau de ce film, c'est bien le personnage de l'épouse et de la mère, Astrid, campé par une Emmanuelle Devos époustouflante !
Astrid se mure dans un Silence assourdissant depuis tant d'années, pour protéger son mari et la cellule familiale, et qui, malgré les risques d'implosion, persiste au point de mettre en péril l'avenir de son fils.
Et dans son interprétation, Emmanuel Devos est remarquable, je dirais son tout meilleur rôle. Tout en intériorité et en questionnement sur ce qu'il aurait fallu faire, on la voit notamment lors de ces longues minutes en voiture où son visage exprime à merveille ses émotions et la profondeur de ses sentiments par son regard rougi et cerné dans le rétroviseur... Mais qu'aurait-elle dû faire, quel aurait pu être le bon comportement, et encore maintenant, pour éviter l'inévitable alors qu'elle pensait la plaie honteuse refermée, juste en évitant d'en parler et en prétendant que son mari s'était soigné ?
En continuant à se taire, elle nous faire vivre ses interrogations pendant tout le film: c'est une grande force de la mise en scène, accompagnée par une bande son toujours adaptée au contexte.
Dès lors que la boîte de Pandore s'ouvre avec les agissements brutaux de ce fils désespéré, tellement différent de ses parents, plus rien ne semble contrôlable.
Plutôt que le silence, ce sont les non-dits qui envahissent ce film; mais à quoi bon au juste vouloir protéger son mari coûte que coûte, alors que ce couple semble détruit depuis si longtemps, quand on voit le résultat et la scène finale sur le visage interminablement interrogatif d'Astrid Schaar ?
Un grand film très déstabilisant, où le réalisateur arrive à nous inoculer toutes ces interrogations, au point qu'on se sent encore mal à l'aise de longues heures après le générique de fin.
Evidemment le duo Devos/Auteuil est pour beaucoup dans cette réussite, avec cette capacité de Joachim Lafosse à si bien scénariser les drames psychologiques intra-familiaux et l'envers du décor des sphères familiales !
A ne pas manquer pour parfaire un très bon début cinématographique 2024 !
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Créée
le 18 janv. 2024
Modifiée
le 19 janv. 2024
Critique lue 499 fois
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