Des choses gentilles à dire sur ce film :
On le sait depuis Michel Leeb, l’humour a une date de péremption. Il y a une évolution naturelle qui fait que les sujets ne sont pas les mêmes, que la façon de les traiter n’est pas la même non plus. Et puis il y a une sélection qui se fait par le talent, c’est plus ou moins juste et plus ou moins légitime, c’est vrai, mais voilà, le fait est qu’en règle générale, les artistes qu’on retient d’une époque sont ceux qui ont un truc en plus (en plus d’avoir été au bon endroit au bon moment), un petit quelque chose dans leur jeu, un petit truc dans son jus, quelque chose aussi d’intemporel peut-être. Est-ce que c’est ce qui fait qu’un film comme Un ticket pour l’espace, qui pouvait potentiellement être drôle à sa sortie, ne l’est plus trop aujourd’hui ?
Est-ce que ça veut dire aussi que Kad Merad et Olivier Baroux n’ont pas de talent ? Je me garderai bien de tout commentaire d’autant qu’ils ont une aura sympathique qui reste intacte en dépit des Tuches pour l’un, d’un petit paquet de booneries pour l’autre et des Safari, On a marché sur Bangkok et autres Just a Gigolo pour les deux.
Toujours est-il que Un ticket pour l’espace, ça ne fonctionne pas ou ça ne fonctionne plus. L’humour absurde qu’on a pu voir chez les Monty Python ou les ZAZ, et qui passe sans problème, même après 50 ans pour les uns, 40 pour les autres, ne provoque, dans le cas de Un ticket pour l’espace, pas grand-chose d’autre qu’une moue un peu consternée... Et ça commence dès l’ouverture avec les cartons de récompense de festivals fictifs. Rien à faire, chez les Monty Python, ce genre de détournement, ça passe, dans Un ticket pour l’espace ça apparaît comme une tentative désespérée de faire rire.
Le problème se trouve peut-être d’ailleurs là... À la différence d’un La tour Montparnasse infernale pourtant bien bien lourd mais qui ne s’attarde pas outre mesure sur ses propres conneries et les déroule avec fluidité, ici, on a le sentiment d’être pris en otage par un gosse de 12 ans qui nous forcerait à le regarder faire des blagues pas drôles et qui nous sentant parti, tenterait de récupérer le coup en forçant davantage le trait presqu’avec violence. Un ticket pour l’espace, c’est « J’ai fait une blague, hein t’as vu j’ai fait une blague, je suis drôle hein, attends je te répète » le film.
C’est con, il y a pourtant des trucs rigolos (quelle bonne idée de donner la voix d’Enrico Macias à l’interface de la station) mais voilà dans l’ensemble, tout finit par tomber à plat si tant est que ça a pu démarrer à un moment.
Jouez au bingo des clichés avec ce film, qui totalise 48 ingrédients
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Personnage > Agissement
Pique une crise de nerf - À voix haute | S’entraîne avant de... - Interprétation | Éternuement forcé - Montre un truc du doigt
Personnage > Caractéristique
Interprétation | En fait des caisses - Réfléchit à une demande en mariage - Vie personnelle | Problèmes familiaux/de couple
Personnage > Citation
Exprime du soulagement | « Hourra ! » de quartier général
Personnage > Méchant·e
À l’épreuve | Sous-fifre qui se fait berner comme un·e bleu·e - Traître·sse (connu·e de la spectatrice/du spectateur)
Personnage secondaire
Meute compacte de journalistes
Réalisation
Équipe | L’équipe (au complet) avance au ralenti face caméra - Fin | Véhicule ou personnages qui s’éloignent - Habillage | Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc. - Habillage | Placement de produits - Média | Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite - Ouverture | Survol à basse altitude de vastes éléments naturels - Technique | Travelling circulaire inutile - Vision subjective | Viseur de fusil à lunette - Vue subjective | de menace
Réalisation > Accessoire et compagnie
Ambiance | Portes automatiques qui font « Pshiiiii... » - Intelligence artificielle de vaisseau/interface/voix de haut-parleur : commente tout/repète les consignes/diffuse un message informatif - Mur décoré de photos de femmes à poil - Tension | Compte à rebours
Réalisation > Audio
Effet | Lasers qui font « piou-piou », touches d’ordinateurs qui font « pi-pou-pou » etc. - Musique | Classique - Voix off | Pensées de personnage
Réalisation > Surprise !
Faux suspense !
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Bite, chatte, cul (gag) - Calembour - Comique de répétition - En fait des caisses (personnage) - Ronflements
Scénario > Contexte spatio-temporel
Vestiaire de commissariat / caserne
Scénario > Dialogue
À voix haute | Se parle - Phrase qui commence ou se termine par un sifflement - Stylé | Vanne sur la mauvaise haleine
Scénario > Élément
Référence grossière à la culture populaire
Scénario > Ficelle scénaristique
La chatte à Maurice (ou anti-chatte à Mireille) - Situation de crise | La/le prisonnier·e dont le/la terroriste a demandé la libération s’est fait buter - Tension | Course contre la montre
Scénario > Situation
Enjeu | Empêcher une tuerie de masse (plus ou moins) - Situation | Topo de couloir
Thème > GI Joe
Ordonne | « Go, go, go ! »
Thème > N’importe quoi
Non-suspension d’incrédulité | Le/la méchant·e devrait en toute logique tuer la/le gentil·le immédiatement ; au lieu de quoi il l’abandonne en vie dans une situation jugée désespérée mais qui permettra au/à la gentil·le de s’en sortir - Trop con·ne | Ces gens font des trucs complètement con
Thème > Rejets, moqueries ou discriminations
Stéréotype physique lié à un métier
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Image dégradante | Nunuche
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Barème de notation :
1. À gerber
2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
3. On s'est fait grave chier
4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
9. Gros gros plaisir de ciné
10. Je ne m'en lasserais jamais