Petit détour par Arte en ce lundi soir avec la diffusion d’ « un tramway nommé désir », un titre qui dit quelque chose à tout le monde, mais reste pourtant énigmatique à bien des égards. Sorti en 1951, ce film est l’adaptation cinématographique de la pièce de théâtre du même nom.

Nous suivons Blanche DuBois, femme élégante et mélancolique, qui vient rendre visite à Stella, sa soeur, en ménage avec son mari Stanley Kowalski, dans un quartier français de la Nouvelle-Orléans. Rapidement, le personnage de Blanche vient contraster avec les autres, par son côté chic, très emprunté, d’allure aisée, contrairement au couple Kowalski qui est beaucoup plus modeste et authentique, si je puis dire. L’intérêt du film est donc de jouer notamment sur l’opposition entre les personnages de Blanche et de Stanley, une opposition relativement complexe. En effet, la première, toujours élégante et distinguée, est à la fois rebutée par ce rustre macho et dominant, et également intimidée, voire séduite par cet homme viril qui, bien qu’imprévisible, incarne le fantasme de l’homme, le vrai. Le film va donc s’articuler autour de la volonté de Stanley d’éclaircir le passé de Blanche, et de vivre les aventures, mésaventures et hésitations de celle-ci.

Il faut se dire que le personnage de Blanche, brillamment interprété par Vivien Leigh, bien que séduisant et incarnant la classe et le raffinement des femmes du cinéma de l’époque, devient vite insupportable par ses simagrées et ses tirades interminables. Bien sûr, cela est volontaire, car ce trait de caractère fait partie intégrante du personnage. Ce film a également révélé Marlon Brando (futur Don Corleone dans Le Parrain), parfaitement impliqué dans son rôle d’homme viril et brutal, qu’il joue avec un naturel impressionnant. Ce film explore la thématique des pulsions et tensions sexuelles entre individus, un thème jusqu’ici très tabou dans le monde du cinéma, où les relations entre hommes et femmes étaient très clichés, revendant le mythe du « love at first sight » et ce depuis les premiers longs métrages des années 1910. Cette fois, on sent le désir qui anime les différents personnages, et les tensions sont palpables. L’attraction et la séduction sont devenus un jeu, dont fait notamment les frais Mitch, brave homme quelque peu candide qui ne peut que succomber au charme de la magnifique Blanche.

C’est un film intéressant, dont j’adore l’ambiance, entre les styles, la musique, les personnages… Ce qui a donc été un bon point pour l’apprécier. Au-delà de cela, les dialogues, et notamment les longs monologues de Blanche sont très poussés et poétiques, et sont très agréables à écouter, même si le personnage a tendance à les rendre insupportables. Enfin, il est important, pour finir, de rappeler qu’il s’agit de l’adaptation d’une pièce de théâtre, ce qui se ressent par le faible nombre de décors et de personnages différents, ainsi que les jeux d’acteurs et la richesse des dialogues. Ce film a obtenu le rang de classique par sa postérité et les acteurs qui y jouent, néanmoins, il ne faut pas avoir peur des longueurs et des longs dialogues édulcorés – je parle bien sûr de Blanche en employant cet adjectif. Si vous êtes curieux, je ne peux que le conseiller !

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le 16 déc. 2014

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