Le film de coaching-improbable est un sous-genre du cinéma sur lequel on peut compter. The Mighty Ducks, Renaissance Man ou plus récemment Campeones font partie de ce vivier aussi énergisant que nourrissant... Un Triomphe vient les rejoindre par la grande porte.
Le pitch ? Un acteur de la région Lyonnaise, un peu au bout du rouleau, accepte de remplacer un ami metteur-en-scène pour des sessions d'introduction aux arts de la scène dans une prison. Evidemment le contact ne se fait pas sans frictions, mais très tôt une idée va germer dans l'esprit du bienveillant comédien : monter En attendant Godot avec cette clique de taulards patauds et le produire sur scène !


Inspiré d'un fait divers Suédois des années 80, la transposition dans notre France moderne est tout a fait convaincante, le plus casse-gueule dans ce genre d'exercice étant de montrer des non-comédiens se frotter aux planches et progresser, alors que le spectateur n'est pas dupe et sait pertinemment que les gens qui les jouent vont s'en sortir puisqu'ils sont vraiment comédiens, non mais dites voir...


Aussi le premier tiers du film réussit le pari ne nous immerger totalement dans un quotidien d'une véracité palpable. Les comédiens réunis autour de Kad Merad sont totalement habités, possédés même par leurs rôles tonitruants et hauts en couleur... On est là, avec eux, on les voit, on y croit. Et quand évidemment au début, ils jouent mal, c'est l'occasion de parler de ce que c'est que le métier d'acteur, et de l'importance de la vérité plus que celle du simple talent.
"Ils jouent faux, mais ils jouent vrai !" clame Kad. Une réflexion hyper intéressante sur le fait que jouer "faux" a deux contraires : "juste" et "vrai". Et en privilégiant le vrai, 'il va révéler le talent de ses apprentis.


C'est le message et le cœur de tout le film. Trop souvent, les films qui parlent de théâtre, ou de répéter un spectacle quel qu'il soit, se viandent totalement en racontant n'importe quoi. J'ai encore en mémoire l'insupportable Birdman empêtré dans ses clichés et ses lieux-communs surannés... Dans Un Triomphe il est clair qu'Emmanuel Courcol sait de quoi il parle. Déjà il dit du mal de Paul Claudel à deux reprises, ce qui, ayant subit L'Echange à la Comédie Française il y a de cela des années, me comble d'aise. Mais surtout, tout ce qu'il met en avant sur la direction d'acteur, les angoisses, les heureux accidents... est maîtrisé de bout en bout. Ça sent le vécu. Le vrai.


Et ce vrai se met au service de l'émotion à bien des reprises, une scène en particulier la scène où pour la première fois le personnage de Lucky parle. Au premier degré on s'émeut de voir que ce jeune taulard à moitié analphabète et imbécile parvient à briser ses peurs et se lâcher sur les planches, mais en double-couche il y a l'étourdissante performance de Pierre Lottin ( habitué aux Tuches ) qui à n'en pas douter marquera tout le monde.


De plus, le film s'offre une construction un peu surprenante, à double-climax, où la première partie semble suffisante et laisse l'impression que seule la première représentation comptera, mais finalement étend son épilogue en un dernier tiers poétique et magnifique, servi par un Kad Merad sobre, en retenue, dans le moment...


Dans un monde meurtri où le cinéma va mal, j'espère que le public Français saura lui accorder un triomphe !

mikeopuvty
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le 6 sept. 2020

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Mike Öpuvty

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