“Un violent désir de bonheur”… d'abord il y ce beau titre. Et puis un générique d'une élégance trop rare : typo noire sur fond blanc, du Jannon, un caractère typographique du xvııe siècle, sur du Gil Scot Heron (ou quelque chose comme ça). Pour évoquer la Révolution française, le décalage musical est étonnant, mais pour parler de toutes nos révolutions, intimes ou politiques, comme d’"un violent désir de bonheur"… quelle belle idée! Ensuite il y a Quentin Dolmaire, solaire, magnifique et timide, en jeune moine, qui pour sauver son monastère s'ouvre, presque malgré lui, aux idées révolutionnaires. Il découvre l'amour et le sexe dans les bras de Marianne (Grace Seri), splendide allégorie de la Liberté. Bien sûr nous ne sommes plus habitués, déjà, à ce cinéma-là, au phrasé lent et volontairement plat de chez Rohmer, à ces comédiens statiques, posés ici et là. Cela peut agacer un peu au début. Mais le film (court, à peine 1h30), par son calme retenu, vise l'épure et y parvient souvent. Et cela vaut la peine de se laisser porter par la beauté de chaque image, la chaleur de cet été de moissons et la douceur infinie du regard de Quentin Dolmaire.