- Il a tendu un miroir face au bébé et ensuite il m'a cognée.
- Trop flippant.
- Il a quatre ans ce môme. Je pense qu'il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il faisait.
- Ça porte malheur. Les bébés ne sont pas censés voir leur reflet jusqu'à leur douzième mois. Sinon on peut être sûr qu'ils vont mourir.
- Qui est-ce qui dit ça ?
- C'est seulement une superstition rien d'autre.
- T'es cinglée. Ouais, t'es cinglée.
- J'ai pas dit que c'était vrai. Certaines personnes pensent que ça l'est.
Faut qu'on parle
Unborn fut à l'époque une véritable expérience horrifique. Je me souviens encore de son excellent trailer qui avait convaincu beaucoup de monde de se déplacer dans les salles obscures. Lors de sa projection cinéma, Unborn m'avait grandement convaincu, si bien que jusqu'à aujourd'hui j'en avais conservé un bon souvenir. À partir de là, rien de plus normal que de le redécouvrir dans sa version longue. Une version qui m'a également satisfait, bien que l'horreur a un peu moins fonctionnée sur moi. Alors que je m'apprêtais à écrire une critique enjouée sur cette œuvre, je suis allé jeter un œil sur ce qui se disait dans les critiques et une fois encore je suis tombé de haut. Moi qui pensais ce long métrage apprécié, au vu de son succès au box-office ainsi qu'autour des premiers retours critiques positifs, je ne pensai pas voir un tel déferlement haineux des années après. Du coup (à force on va croire que je le fais exprès), me voici une fois encore dans une position délicate, où je vais devoir seul contre tous me confronter à un avis majoritaire. Comme à mon habitude, je vais rester honnête envers moi-même et ne m'écraserai pas devant l'avis général. Certes, Unborn n'est pas le plus grand film d'horreur jamais réalisé, mais il ne faut pas exagérer, ce n'est pas le plus mauvais non plus. Ce film a reçu à mon grand étonnement, beaucoup de mauvaises critiques qui me semble totalement disproportionné et c'est à partir de là que j'interviens.
Commençons...
Unborn réalisé par David S. Goyer est un film que j'apprécie pour son esthétisme soigné que l'on doit à un travail de réalisation au top, mettant plusieurs plans de qualité en avant, le tout enrichi par la mise en scène inspiré de David S. Goyer. Dès les premières secondes, on découvre une image soignée (qui ne quittera jamais le récit) mettant parfaitement à profit les décors environnant à travers le cauchemar de Casey. Une approche horrifique envoûtante par l'image qui confère une atmosphère lugubre, dérangeante et étrange, symbolisé par le cadre autour du chien avec son masque de mort sur le visage. Des effets de premier ordre qui tout du long sont brillamment utilisés via des mouvements de caméra intelligent garantissant de bons moments de frayeur qui contourne habilement le simple jump scare, comme avec le travail autour de la scène du miroir (un stratagème technique similaire à celui de James Whan).
Une manière habile de diluer l'horreur que l'on retrouvera dans le frissonnant plan sur la vision symbolique autant que diabolique dans la synagogue entre le rabbin Sendak et le chien démoniaque à la tête renversée, ou encore avec la fameuse séquence du vieil homme se retrouvant la tête retournée dans le sens inverse, devenant un homme araignée grimpant à toute vitesse les escaliers (un clin d'œil amusant à l'Exorciste) pour attraper sa future victime. Tout cela conduit à une étrange sensation parcouru de moment vraiment effrayant, intense et suspensif. Tout n'est pas parfait, certains moments de terreur sont un peu à côté, mais dans l'ensemble cela reste du bon travail. La musique de Ramin Djawadi contribue à rendre une ambiance irrespirable avec des compositions sonores dans l'ensemble efficaces et oppressants. Un travail de taille qui mérite des applaudissements.
L'écriture est maîtrisée, le récit contourne intelligemment les clichés du genre, bien qu'on ne réchappe pas à une énième séance d'exorcisme qui heureusement prend une tournure différente de ce que l'on a l'habitude de voir. Le script travaille intelligemment son intrigue en rendant les rapports entre les personnages cruciaux. La relation amoureuse très discrète entre Casey et Mark qui sur le moment peu semblait n'être qu'une amourette inutile de plus dans le décor de l'horreur pour ados, qui conduira à une petite scène sexuelle dont il semble impossible de s'extraire, s'avèrera pourtant être pour ce film absolument nécessaire et certainement pas gratuit.
Explication (spoiler) :
Tout du long de l'histoire, Casey perçoit des images étranges autour d'un fœtus (gardait cela en tête). Durant une nuit où Casey fait du baby-sitting pour un petit garçon ainsi que son petit frère, l'enfant frappe Casey avec un morceau de verre et dit: "Jumby veut venir au monde maintenant". Immédiatement on se demande qui est Jumby. Casey finit par découvrir que Jumby était censé être son petit frère, mais qu'il est mort dans l'utérus de sa mère. La grand-mère de Casey finit par expliquer que Jumby est une entité diabolique qui veut depuis toujours devenir une personne vivante et que pour cela elle a besoin de renaître dans le corps d'un jumeau. Procédé que Jumby avait déjà réussi avec Barto, le frère jumeau de sa grand-mère, lorsqu'ils étaient enfants. Mais il fut tué par sa sœur. Après cela, il tenta de refaire l'expérience avec la mère de Casey également enceinte de jumeau, sauf que cela a échoué car le fœtus est mort. Malgré tout, Casey (et nous avec) ne comprend pas pourquoi Jumby ne cesse de la persécuter puisqu'il a échoué et qu'il n'y a plus de jumeau vivant. C'est finalement dans le dernier plan que David S. Goyer laisse apparaître la vérité : Casey est depuis le départ sans le savoir enceinte de jumeau. Depuis le début le fœtus qu'elle voyait dans ses rêves n'était pas celui de son frère, mais celui de son enfant à venir. Jumby voulait posséder l'un des deux fœtus de Casey. Une conclusion intelligente qui boucle ingénieusement la boucle laissant finalement planer le doute quant à savoir si Jumby à réussit son coup.
(Fin spoiler)
J'adore le casting d'Unborn qui met sur le devant de la scène de grands comédiens comme : Idris Elba, dans le rôle du prêtre Arthur Wyndham, ainsi que Gary Oldman, dans celui du rabbin Sendak. Bien que le passage des deux acteurs soit limité dans la durée, l'importance de ceux-ci reste de taille, surtout pour Oldman. Gary Oldman dans le rôle de Sendak amène beaucoup de charisme. Un homme de foi courageux, terre à terre qui agit avec beaucoup de logique, comme l'ensemble des protagonistes. Durant l'exorcisme il utilise une corne d'animal imposante qui dégage un son des plus inquiétants. Cam Gigandet dans le rôle de Mark est également très bien. C'est un comédien que j'apprécie beaucoup depuis son rôle dans Never Back Down, dommage qu'il se soit fait plus discret depuis quelques temps. La comédienne Odette Annable sous les traits de Casey Beldon est convaincante et prouve qu'elle n'a pas été choisie seulement pour sa plastique. J'aime beaucoup la texture qu'elle amène à son personnage torturé qui tente de comprendre une chose qui la dépasse totalement. Jumby incarné par Ethan Cutkosky est à mon sens le seul point faible de la distribution. Si je trouve le travail autour du background de l'entité réussit et surprenant dans ses démonstrations de force, sa forme impassible est bien moins inquiétante.
CONCLUSION :
Unborn est un bon film d'horreur qui ne mérite pas ce déluge de haine tant la technicité proposée est conséquent, ainsi que l'originalité du script qui pose habilement une intrigue réfléchie et structurée qui trouve toute sa logique durant le plan final. L'horreur est finement maîtrisée, contournant habilement les jump scares faciles. L'épouvante fonctionnant avant tout via les mouvements de caméra suspensive de David S. Goyer. Le casting est parfait ! Cela va peut-être paraître rabat-joie de ma part, mais je suis certain qu'une partie (j'insiste énormément sur seulement "une" partie) a défoncé ce film simplement parce que Michael Bay est associé au projet en tant que producteur.
Tout homme doit apprendre à rester seul au milieu de tous, à penser seul pour tous, et au besoin contre tous.
- Ecoutez, je sais que ça risque de sembler insensé, mais vous devez me croire. Je suis ici, car j'ai besoin que vous m'exorcisiez. Je suis possédée par quelque chose. Par un... Un Dib... Un Dib...
- Un Dibbouk.
- Oui, c'est ça, un Dibbouk. C'est ça.
- Eh Bien pour les Dibbouks, rien de tel n'existe, Mlle Beldon. En tout cas, rien sorti du cadre du folklore. Il faut que vous compreniez qu'à l'époque, au Moyen-Âge, les choses telles que les esprits et démons se voyaient utilisés comme fourre-tout pour décrire des troubles qu'on ne savait pas diagnostiquer. Les maladies mentales n'étaient pas reconnues.
- Mais je ne suis pas une malade mentale. Les choses qui m'arrivent sont bien réelles.