Y a des gens qui ne savent pas avoir une vie tranquille...

Uncut Gems n'est pas le film idéal pour se détendre... Bien au contraire. Cette oeuvre est une tornade de stress et d'adrénaline, ainsi qu'une représentation du chaos. Et cela en serait presque désagréable au début du film... Une musique envahissante et beaucoup trop forte, des personnages qui se parlent les uns sur les autres, un rythme effréné qui ne prend pas la moindre seconde de respiration... Uncut Gems donne le ton d'entrée de jeu. Alors pourquoi s'infliger ça ?

Tout simplement parce que ce long-métrage réveille notre goût pour le risque et l'instabilité. Mais le risque, ce n'est pas nous qui le prenons. Nous, au moins, nous pouvons savourer le soulagement que l'on ressent au générique de fin, après s'être délivré de cette oeuvre oppressante. Quoi de plus galvanisant qu'une grosse décharge d'adrénaline sans aucune conséquence ? Les impacts négatifs, ils sont pour le personnage d'Howard, qui souffre d'une étrange addiction aux problèmes et aux complications.

Dans ce milieu du Diamond District à New-York, où se côtoient joailliers, prêteurs sur gages, et professionnels des paris sportifs, Howard semble toujours chercher un nouveau moyen de se mettre dans la merde. Cependant il croit pouvoir y faire face, en étant un peu trop sûr de sa tchatche... Sauf que ce diamantaire inspire principalement le mépris et le dédain de son entourage, à quelques exceptions. Il y a alors quelque chose d'assez fascinant dans le fait d'observer un personnage essayer de résoudre des problèmes qu'il se crée lui-même.

D'ailleurs, L'ensemble du monde qui l'entoure est chaotique, autant dans sa sphère privée que dans sa sphère professionnelle. Parfois même, l'une impacte l'autre et vice-versa. Howard a des dettes envers son beau-frère, et sa maîtresse est l'une de ses employées. Ainsi, ce personnage a si peu de moments de répit, qu'il ne savoure même plus ce qui devrait le ravir. Par exemple, lorsqu'il apprend une bonne nouvelle sur sa santé, il n'a même pas le temps de s'en contenter tellement la situation autour de lui est aussi confuse que problématique.

La réussite du personnage tient aussi beaucoup à Adam Sandler, qui incarne ce personnage avec une vraie subtilité. Il parvient à capter certaines expressions faciales qui traduisent la fourberie d'Howard, ainsi que son avidité, et ses phases d'angoisse ou de malaise. Cet acteur est l'un des grands oubliés des Oscars 2020, avec Christian Bale pour Le Mans 66. Il porte parfaitement ce film au parti-pris risqué, mais tenu et abouti.

Uncut Gems est donc un long-métrage qui rend fou grâce à mentalité de son personnage, et grâce à son rythme. Le climax est un concentré de stress rarement égalé, terminant sa montée en puissance sur une note extrêmement brutale. C'est une oeuvre qui secoue le spectateur au risque de l'épuiser. Un immanquable de ce début d'année.