Déjà avec « Good Time » je n’avais pas compris l’engouement généré autour des frères Saftie.
Et avec cet « Uncut Gems » – que le grand maître Scorsese s’est décidé à produire, excusez du peu – j’avoue que je ne suis pas forcément beaucoup plus avancé.


Ici encore on a affaire à une sorte de chronique de la lose où les frères Saftie s’amusent à suivre le parcours totalement voué à l’échec d’un personnage imbuvable qui accumule les mauvaises décisions.


Alors OK, j’ai bien compris que c’était le cœur avoué de la démarche et j’avoue qu’elle est amplement cohérente.
Adam Sandler campe un personnage remarquablement interprété tant il agace à chacune de ses phrases. Il est une sorte de caïd fantoche qui roule des mécaniques en permanence alors qu’il n’a ni la carrure ni la jugeote pour peser.
Quant à tous ceux qui gravitent autour de lui, ils ne valent guère mieux. Du cercle familial à la maitresse en passant par le basketteur-star Kevin Garnett, chacun se laisse bêtement éblouir par cet astre factice qu’est le personnage d’Howard, si bien que chacun mérite finalement d’être emporté dans le tourbillon de ses embrouilles.
D’ailleurs tout le monde qu’on nous présente dans ce film est au fond à l’image d’Howard. D’un côté on exploite des petits Ethiopiens pour que de l’autre de gros beaufs puissent fabriquer des Guizmo tout en diamants. Rien d’étonnant en fin de compte que ce film commence dès l’introduction par nous plonger dans le reflet d’une gemme pour finir dans le colon d’Adam Sandler.
Tout cela est parfaitement sensé.


Seulement voilà, la démarche a beau être cohérente, moi elle me laisse totalement sur la touche.
Pourtant c’est vrai qu’entre la chute d’Howard et celle d’un héros scorsesien il n’y a qu’un pas.
Or, puisque j’aime les « Rise and fall » du grand maître Martin alors pourquoi rester hermétique à ceux des frères Safdie ?


Eh bien pour moi ça tient justement à un détail qui n’en est pas un : le ton et la démarché générale.
Chez Scorsese, il y a quand-même une iconisation qui est faite de ces sales gamins qui les rend séduisant. Certes, ces gens sont un peu cons, mais l’espace d’un instant, ils ont la belle vie des gens qui ne se fixent aucune limite. Scorcese fait de ces gangsters une autre facette de cet état d’esprit qui fait la grandeur de l’Amérique, même dans sa décadence.
Par contre, chez les frères Safdie, rien ne me séduit. C’est juste du pathétisme pleine barre. Ces gens sont cons et ils ont une vie de merde. On ne les envie jamais. Ils agacent toujours. Si bien que chaque minute me renvoie sempiternellement à cette même question : « mais en fait quel intérêt à suivre ces aventures d’Howard ? »


Moi, voir de pauvres gars subir les conséquences de leur propre bêtise (et rien de plus), ça ne me parle pas. Aussi cohérente la démarche peut-elle être, ça ne m’apporte rien.
Pire, ça m’agace.
Je sais dès le départ où le film va aller.
Je sais déjà que je n’aurai aucune surprise.
Je dois juste accepter de supporter deux heures de personnages et de situations horripilantes.


Alors après, certes, j’ai quand-même préféré cet « Uncut Gems » à « Good Time » d’où ma note moins lapidaire de 4/10.
Déjà « Uncut Gems » a pour lui un certain cynisme qui peut parfois le rendre drôle.


(Moi, par exemple, la scène des enchères où le pauvre Gooey se voit obligé de débourser 190 000$ ça m’a sincèrement fait marrer.)


Et puis surtout, « Uncut Games » a au moins le mérite d’adopter une forme plastique convenable à regarder, bien loin de cette image cradasse de « Good Time ».


Mais bon, l’un dans l’autre, tout ça ne parvient pas à compenser le profond sentiment de vacuité que j’ai ressenti lors du visionnage de ce long-métrage.
Et s’il ne sera pas un film totalement dénué d’intérêt pour certains, moi j’avoue que ça me conforte dans l’idée que – décidément – les frères Safdie ce n’est vraiment pas pour moi.

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le 9 févr. 2020

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