Tout d'un chef d'oeuvre
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le 7 avr. 2017
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Superbe film, connu peut-être pour la piste Nicaragua de sa bande-son, signée Jerry Goldsmith, qui a été reprise un peu partout.
On suit donc Price, un photographe de guerre habitué à faire les couvertures de Time, qui se retrouve au Nicaragua en 1979, en proie à la guerre civile entre Somoza et le FSLN, un petit groupe armé révolutionnaire. Lorsque Somoza prétend que Rafaël, le leader du FSLN, a été tué, Price se retrouve face à un dilemme. La photographie qu'il prendra de Rafaël, qu'il soit vivant ou mort, peut avoir un impact décisif sur l'issue du conflit, les rebelles étant plutôt bien partis. Et Price va sortir progressivement de sa neutralité d'observateur.
C'est d'abord un très beau film sur l'Amérique centrale, et c'est pour cela de prime abord qu'il m'a intéressé. OK, ça a été tourné au Mexique, mais les paysages sont fort beaux, et la reconstitution des combats de rue dans ces villes aux maisons basses et aux toits plats est fort crédible. Le contraste entre la misère locale (au fonds peu montrée) et les complexes hoteliers où vivent les occidentaux est réussie. La musique de Goldsmith s'inspire beaucoup de la musique traditionnelle locale, ce qui ne gâche rien.
Dans la forme, on a affaire à un hybride. Porteur de message, le film rappelle dans sa démarche le Nouvel Hollywood, mais dans la forme, on pense plutôt déjà à un film d'action des années 1980 (montage très carré, goût pour les hélicoptères).
Cela ne signifie pas que l'action soit omniprésente, d'ailleurs. Le film alterne très bien temps morts et action, aucune scène n'est superflue pour apporter le message qui n'est pas flatteur sur le rôle de l'Occident et des médias. Oui, les vies occidentales valent davantage dans les médias que les vies du Tiers Monde. Oui, une photographie opère toujours un choix dans le réel et peut influer sur son cours par l'écho qu'elle rencontre. Oui, la C. I. A. est partout et laisse perpétrer des horreurs au nom des intérêts américains. Tout cela peut paraître téléphoné, mais le film l'amène très bien, et c'est salutaire, car ce n'est pas toujours dit avec autant de mesure et d'efficacité.
Concernant les acteurs, on a du lourd. Trintignant, en intermédiaire ambigu intéressé seulement par son compte en banque, fournit une prestation qui rappelle un peu Laurence Olivier. La gueule de bon américain d'Ed Harris est dévoyée pour incarner un mercenaire qui fait son sale boulot sans se poser de question, et c'est proprement jouissif. Les deux acteurs principaux sont très bien, Nick Nolte apporte à son personnage une carrure lourde, épaisse, professionnelle mais revenue de tout, qui colle parfaitement à un vieux reporter de guerre. Joanna Cassidy est émouvante, et Gene Hackman a le bon sens de ne pas voler la vedette à ses camarades. Bref, c'est un casting alléchant.
Les dialogues sont bons ("The world is not divided between east and west anymore. It's divided between north and south"), peut-être un peu explicites à de rares moments, s'il faut chipoter.
Under fire est un petit miracle. Si son message a sans doute été abordé ailleurs, le sujet choisi, l'Amérique centrale, et la qualité de la production en font un film comme on aimerait en voir davantage.
J'ajouterai qu'on ne peut qu'être nostalgique de cette époque pré-Guerre du Golfe où sur les zones de guerre, on laissait quand même la presse faire son boulot, vaille que vaille. Comment ne pas penser au Darfour, à la Syrie, à tous ces endroits qui auraient eu besoin d'un Russel Price pour réveiller nos opinions. Triste société, qui laisse les médias ne célébrer que l'insignifiance, quand des drames ont lieu ailleurs.
Synopsis : Des combats entre rebelles et troupes gouvernementales au Tchad. Russell Price, reporter de guerre, prend des risques pour prendre des photos en première ligne. Un américain mercenaire, Oates (Harris) lui parle du Nicaragua. Son boss, Alex (Hackman), rentre à New York, mais Claire, l'ex de ce dernier, part au Nicaragua, et lui aussi. Dans une procession, un groupe qui voit qu'il prend des photos dresse une pancarte à l'effigie d'un révolutionnaire. Les soldats dispersent l'attroupement et tire sur la pancarte. Il apprend que le guerillero, Rafaël, n'a jamais été photographié.
Le soir, dans le bar à cocktail, un groupe armé vient enlever un homme d'affaire, et Price se trouve en tôle car Somoza trouve qu'il prend trop de photos. Avec Claire, ils prennent contact avec Jazy, un relais de la C.I.A. cynique. qui leur dit d'aller chercher Rafaël du côté de Leon. Là-bas, l'armée régulière tire dans les rues dévastées, mais deux rebelles les font se joindre à eux dans leur fuite, et un jeune responsable leur remet un message à transmettre. Il croise Oates parmi des troupes régulières. Oates tue un des guerilleros, mais Price ne le vend pas pour ne pas intervenir.
Price et Claire espèrent retrouver le groupe à Magatalpa, mais c'est un tuyau crevé. De retour à Managua, Somoza essaie d'approcher Claire, et son spin doctor américain fait la morale à Price. Somoza sollicite cependant le public pour annoncer que Rafaël aurait trouvé la mort. Price décide de partir prouver le contraire. Il retourne sur le terrain avec Claire. ça chauffe, mais on lui permet de rencontrer Rafaël. Ou plutôt son cadavre sur une table. Mais les rebelles ont la main, et ils demandent à Price de faire une photo qui fasse croire que le leader est toujours vivant. Après une nuit de dilemme, il accepte. La photo est colportée partout. Alex revient et veut interviewer Rafaël. Ils retrouvent Oates, qui liquident des gens. Ce sont des fidèles de Rafaël, qu'il a pu identifier grâce à des photos du camp, volées à Price et transmises par Jazy.
Claire et Price finissent par avouer à Alex que Rafaël est mort. Perdus alors que les combats gagnent la capitale, Alex sort demander son chemin et un soldat, par bêtise, l'exécute. Price prend l'instant en photo. Somoza annonce à la télévision que c'est la faute des rebelles, mais la photo de Price est là pour invalider cette thèse. Fuyant dans les rues, rejoint par Claire, Price se retrouve dans la maison de Jazy, braqué par de jeunes révolutionnaires. Jazy supplie Price de le prendre en photo, pour amadouer ses gardiens, mais Price refuse.
Claire cherche Price. Ses photos sur la mort d'Alex sont diffusées et Somoza déterre les cercueils de ses parents pour fuir à Miami. Claire et Price se retrouvent, assistent à la liesse qui suit la chute de Somoza. Dans la foule, il retrouve Oates, qui semble heureux et lui dit qu'il part en Thaïlande.
Créée
le 7 août 2019
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