"Ok... je vais prendre un Doliprane et une douche..." - Karim Debbache

L'heure est donc venue pour moi d'écrire sur ce qui restera sûrement mon film préféré de 2018. Un film qui m'échappe autant qu'il m'accroche, pas une mince affaire donc. Qui plus est, "Under The Silver Lake" est un mille-feuilles référentiel ultra cryptique qui me dépasse largement moi et ma culture, vous ne trouverez donc pas ici de décryptage expert des multiples zones d'ombre qu'il nous tend, vous avez tout le reste de l'Internet pour ça. Je vais surtout faire ce que je peut pour ne rien spoiler, j'estime que la meilleure condition de visionnage, c'est de s'y plonger à l'aveugle (fuyez les trailers).


Et parce qu’on a pas été élevés chez les sangliers mais pour ma part d'avantage par un certain "Franck du Gaming Live", commençons par un rapide tour du propriétaire !


Nous nous confrontons donc à la troisième réalisation de l'américain David Robert Mitchell, repéré en 2014 pour son "It Follows", un film d'horreur très intéressant pour son détournement des codes du genre et son esthétique mais dont j'ai... vu que la moitié parce que je m'emmerdait pas mal devant, ce que je mets sur le compte de ma fatigue à ce moment là... Pardon David, je re-tenterai à l'occasion.
Et autre nom intriguant à l'affiche : on retrouve (comme pour "It Follows") un certain Disasterpeace à la composition ! Un monsieur qui a déjà délicatement nappés vos tympans de couches de synthés si vous avez déjà joué à Fez ou Hyper Light Drifter (ce que je vous souhaite). Et double surprise, monsieur Peace a pour l'occasion décidé de se reposer sur une orchestration très "Old School Hollywood" et ne ressortira ses claviers chéris qu'à l'occasion d'une sonnerie de téléphone. Une variation de son style très appréciable qui servira ici à merveille la déroutante ambiance du film.


Et si on en parlait de ce film hein ? De quoi que ça parle déjà ?



Tentative de synopsis : y a anguille sous Lac Argenté



Sam, interprété par Andrew Garfield, est un homme probablement trentenaire, qui vit à L.A., il n'a visiblement pas d'emploi ni de hobby, il entretient plus ou moins une relation avec une meuf qui a l'air d'être actrice, il n'a pas de quoi payer son loyer et euh il est mal rasé.
Un beau jour de... rien, il fait la rencontre de Sarah (Riley Keough), s'y attache (enfin je crois) et le lendemain elle disparaît mystérieusement...
...
Y a des rumeurs de tueur de chiens...
Et un millionnaire local qui disparaît lui aussi...
Je...


ET DONC, alors qu'il n'a que quelque jours pour régler son loyer, faute de quoi il sera à la rue, Sam se lance tête baissée à la recherche de Sarah l'amenant à errer dans la ville au fil des rumeurs et intrigues qui semblent tirer les ficelles d'une histoire plus large... Une histoire dont les clés de compréhensions se trouveraient dans une toile d'araignée d'indices cryptiques dissimulés aux yeux de tous au sein de la pop-culture.



Sur la Côte Ouest, rien de normal



Ça vous aura certainement sauté au visage tel un facehugger faisant fi des conseils de son nutritionniste, nous somme en présence d'un film flou. Prisonniers du point de vue du protagoniste, on ne sait pas où on va, Sam non plus, on ne comprend pas grand chose, Sam non plus. Mais comme Sam, on finit par s'y plonger, comme pour Sam, l'absurde finit par nous paraître crédible, comme pour Sam, le futile finit par devenir essentiel tandis que le "normal" et la raison deviennent fades et on aura alors qu'une envie, suivre Sam toujours plus loin vers une porte de sortie, vers autre chose, sans savoir la forme que cela prendra.
En tout cas, c'est comme ça que je l'ai reçu et ressenti mais qui sait vous trouverez peut être que Sam est juste un gros con irresponsable, immature et égoïste... Ce qui se défend ! Mais ça serait selon moi manquer cruellement de curiosité et surtout d'empathie envers un personnage dont on sait au final peu de choses mais qui, derrière un voile de je-m'en-foutisme et d'éthique douteuse, transpire le vide existentiel et n'est peut être que le résultat d'une chaleureuse et exaltante dépression qui semble se propager via l’infatigable soleil californien dominant tous les habitants de "Under The Silver Lake".



Parfois, une combinaison d'objets peut avoir une utilité cachée !



Si c'est votre truc, il peut être très amusant de passer sa soirée sur Reddit voir des internautes s'arracher les cheveux à décrypter toutes les énigmes du métrage : morse, alphabet secret, références lourdes de sens, perroquet bavard... c'est tout à fait fascinant MAIS ce n'est pas sous cet axe que je voulais vous le présenter.


Thriller psychologique sans but précis.
Stoner Movie sous-entendu.
Road Movie caniculaire qui fait du sur-place pour pouvoir se rafraîchir à la piscine du Motel.


"Under The Silver Lake" c'est tout ça mais ça peut être bien plus à travers vos yeux. Là réside selon moi sa plus grande force au-delà de l'intrigue fascinante, du visuel léché, de cette ambiance lancinante, dérangeante mais dont on voudrait ne jamais se séparer. Le film laissera toute la place nécessaire à ce que votre imagination, vos doutes, vos paranoïas et vos fantasmes s'expriment en un flamboyant feu d'artifice indéchiffrable.


C'est bizarre un feu d'artifice à cette période de l'année non ?...

Insecte_Subtil
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le 20 mars 2019

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