Jonathan Glazer est un cinéaste discret mais au combien talentueux, et le revoilà 10 ans après son dernier film Birth pour livrer une oeuvre hypnotique et fascinante. Le projet fait preuve d'une ambition démesurée et s'impose comme un essai expérimentale totalement maîtrisé qui défini ses propres codes cinématographiques au cours d'un récit initiatique complexe qui s'adresse avant tous à un public averti car l'expérience proposé est des plus exigeantes et ne ferra aucune concession sur sa noirceur. Le scénario est des plus épuré dans sa forme mais des plus riches dans son fond, s'imposant par son pitch comme un film de science-fiction tirant vers la série B mais pourtant il n'en sera rien tellement l'écriture à l'intelligence de préféré le sous entendu et la métaphore plutôt que d'exploiter son pitch de façon classique qui ce serait révéler moins pertinent. Jamais le sentiment d’être extraterrestre n'a été aussi bien retranscrit au cinéma car comme le personnage on perd tous nos repères en tant que spectateur par la forme que prend le film et le récit, on doit apprendre ce nouveau langage cinématographie pour le comprendre et le dompter comme le personnage doit comprendre le monde qui l'entoure pour pouvoir attirer ses proie dans son antre. Le film est donc double et on n'est totalement immergé et impliquer dedans à la manière des victimes de Laura, qui ce font engloutir par des forces qui les dépassent. Le scénario prend donc la forme d'un apprentissage de la vie, elle commence enfant, se forme, apprend à parler, à ce mouvoir puis elle atteint sa puberté et découvre le premier saignement ( de façon abstraite ) , commence à s'émanciper par la rébellion et fini par atteindre l'âge adulte ainsi que la découverte des premières émotions. Elle se confronte à l'horreur qu'elle crée ainsi que celui qu'elle subit mais plus que de ce baser que sur ça le film va aussi parler des femmes. Il va donc faire une allégorie très intéressante sur le pouvoir de séduction qu'elles exercent sur les hommes en alimentant leurs plus bas instincts et les renvoyant au stade primitif ou ils ne pensent plus et sont hypnotiser au point de ne plus faire attention au danger. L'homme sera donc stupide et impuissant face à cette force de la nature, une beauté sensationnelle et le film interroge sur le mysticisme des femmes de façon judicieuse et intéressante. De plus le film comportera même un sens dans son choix d'actrice car il interroge le star system et le statut de sex symbol, Scarlett Johansson est un extraterrestre venu sur Terre pour séduire les hommes car elle représente à la perfection tout le sens du film. Cette femme iconiser qui représente un fantasme, un rêve inaccessible et fatal ainsi qu'un pouvoir de séduction sans limite, elle porte le poids du monde sur ces épaules. La prestation de Scarlett Johansson est d'ailleurs fabuleuse, elle donne tous dans ce qui est son meilleur rôle ou elle se met littéralement à nue. C'est clairement l'actrice la plus intéressante de sa génération car plus que d’être magnifique, elle s'impose comme étant très talentueuse et elle a livré cette année deux grandes performances dans deux grands films ( Her étant le premier ). Pour ce qui est de la réalisation, on a le droit à du grand art avec une photographie superbe dans des décors écossais magnifique, une montage acéré qui donne un rythme très intéressant au film et une bande son phénoménale qui est tout aussi expérimental que le reste et qui prouve que le film est avant tous une expérience sensorielle. Pour la mise en scène Jonathan Glazer fait dans le sensationnel avec des plans iconiques qui imprègne la rétine ( la séquence d'ouverture, le mise à mort dans le liquide noir, l'apparition de Laura dans la forêt ou de son visage dans un halo de lumière doré ) ou encore des séquences tétanisante et hypnotique qui hante et retourne même après la fin du film ( la première apparition de Laura, les passages dans "l'antre", la séquence avec l'Elephant Man ainsi que celle de la plage et le final impressionnant d'une poésie macabre fascinante ). Il est aussi intéressant qu'il ait filmé la plupart des rencontres du film en caméra caché ce qui donne un coté étrange et décalé au filme mais qui paradoxalement le rend plus authentique. On en donc quelque part entre Lynch et Kubrick mais Glazer à néanmoins suffisamment d'audace et de talent pour arriver à s'émanciper de ses aînés et d'offrir sa propre oeuvre métaphysique qui ne ressemble à aucune autre. En conclusion Under The Shin est un chef d'oeuvre obsédant et incroyablement intelligent qui pousse à la réflexion et à la remise en cause de soi car si le film met autant mal à l'aise c'est parce qu'il est universelle, c'est avant tous une oeuvre torturé et terriblement humaine car il n'y a pas plus humain que de ce sentir mal dans sa peau. Voilà donc le propos du film, vouloir être quelqu'un d'autre au prix de ce qui nous définis, un acteur qui se glisse dans un personnage, un extraterrestre qui veut être humain et le spectateur qui veut s'évader de son quotidien dans un monde de fantasme et d'imaginaire. Toute la virtuosité de l'oeuvre ce trouve ici, avoir compris cet état de fait et l'avoir retranscrit à la perfection.
Frédéric_Perrinot
10

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le 8 août 2014

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Flaw 70

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