Dans un biopic étouffant, Yann Demange crée, au delà la fresque sur la vie de Richard Wherse, les coulisses d’un Détroit démuni. Au milieu de cet univers touché par la désindustrialisation et par la criminalité, le film expose la traversée d’un enfant devenant à 14 ans le plus jeune informateur du FBI.


Undercover : une histoire vraie intègre les doux éléments du polar qui font infuser délicatement nos esprits à la fiction. Pour sa première apparition au cinéma, Richie Merritt - qui vit dans les mêmes conditions que dans son rôle - nous livre une prestation merveilleuse dans la peau d’un Richard Whershe bouleversé, sans cesse tourmenté par un contexte socio-culturel houleux. La formation d’un duo saisissant entre un père trafiquant d’arme interprété par un Matthew McConaughey lumineux et son fils Richard qui joue un double jeu dangereux entre les gangsters et la police américaine. Une relation père-fils néanmoins puissante entre deux êtres liés par le rêve commun d’une vie plus calme et surtout par le désir brulant de faire revenir Dawn (Bel Powley) au foyer.


Si le récit est corrosif, les couleurs du film signées Tad Radcliff - déjà chef opérateur de Yann Demange pour son premier film ’71 - sont quant à elles austères et mornes, en parfaite symbiose avec la musique de Max Ritcher. Une angoisse qui ne cesse de s’amplifier, qu’il s’agisse des violences physiques ou émotionnelles auxquelles sont soumis les protagonistes. De cette chronologie dantesque émane certaines séquences jouant l’effet de pommade, à l’image de celle ou Richard Jr portant son enfant dans ses bras.


Yann Demange ne tombe pas dans les pièges du film policier, pas plus que dans ceux du biopic ou du film de gangster. En effet, jamais la mise en scène n’accentue les codes de chacun de ses genres, fondant un équilibre nécessaire pour la retranscription d’une histoire ayant réellement eue lieu. Outre une tension inégale, le film est emprunt d’un souffle chaud dévoilant non sans audace et sans fougue les aspérités de l’existence de Richard Whershe. Celui que l’on surnomme « The White Boy » - comme le nom du documentaire de Shawn Rech en 2017 - est encore en prison en Floride. Ce film ne le rendra peut être pas plus libre, mais sans doute plus compris.

Aymericdt
4
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le 16 avr. 2020

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