Netflix a une furieuse envie de me proposer du cinéma coréen ces derniers temps. Qui suis-je pour lutter contre l’algorithme ?
Le synopsis d’Underground rendez-vous se limite à : « À cause d’une série de catastrophes, un professeur en herbe se retrouve dans une petite ville provinciale et tombe amoureux d’une fille aux origines très mystérieuses ». Et bien sachez que ce n’est absolument pas l’intérêt du film, et que ce résumé est très réducteur vis-à-vis du concept que vous allez regarder.
Kong Young-Tan est un raté avec des principes moraux très arrêtés concernant les relations amoureuses. Après avoir échoué dans de nombreuses voies, il décide de partir pour Séoul pour apprendre à devenir enseignant. Mais une série d’événements font qu’il est propulsé professeur pour une petite classe perdue au fond de la nature.
Ce film de 107 mins aurait pu en faire 30 de moins en enlevant toute la première partie qui n’a absolument aucun intérêt. La scène d’introduction montre
des coréens simples d’esprits venant aider des soldats à construire une frontière entre les deux Corée
. En seulement 3 minutes, le réalisateur vient de vous spoiler la fin (et le seul enjeu) de ce film. Pourquoi ?
La réalisation se concentre ensuite sur Kong Young-Tan qui part faire ses études d’enseignant à Séoul. Toute la partie entre son départ de chez ses parents et son arrivée dans le village est un enchaînement de scènes d’humour bas de gamme (le thème pipi-caca est d’ailleurs très récurrent tout au long du film). L'histoire aurait pu commencer directement dans le village, et nous aurait épargner ce que le cinéma fait de pire.
En fait, cette "introduction du personnage" n’a pour objectif que d’expliquer ce qui est arrivé au vrai professeur, et entraîner un running gag qui est certes l’élément le plus comique, mais qui n’apporte rien à la construction du film.
La réalisation est assez catastrophique. Je me suis arrêté de compter le nombre de faux raccords tellement ceux-ci sont nombreux et flagrants. Certains plans s’enchaînent de manière aléatoire, passant d’un champ à un autre sans aucune synergie. Et les effets spéciaux sont aberrants. Je ne sais pas si ceux-ci sont volontairement cheap, si c’est une question de moyens ou de budget, mais c’est plutôt pathétique.
Pourtant tout n’est pas à jeter. Im Chang-Jung, qui tient le rôle principal, est convaincant et amusant. Plusieurs scènes, notamment celle de l’œuf ou la poule, sont bien construites avec un humour absurde pouvant rappeler les Monty Pythons. Dommage de ne pas avoir exploité plus intensément cette voie.
Ce film est aussi sauvé par son enjeu politique. Le propos réel est de
dénoncer l’absurdité du conflit entre Nord et Sud en montrant que les coréens sont une grande famille
. C’est plutôt bien réussi de ce côté-là mais l’humour gras omniprésent ne met pas assez en valeur cet aspect.
Au final, les nombreux défauts de ce film pourraient presque le classer dans les nanars si l’intérêt politique n’avait pas été mis en avant.