Pas le temps de souffler une seconde dans les fonds maritimes de "Underwater" ! Juste un générique nous martelant un contexte tout plein de mystères bien louches suivi d'un rapide aller-retour dans la tête de l'héroïne (Kristen Stewart) afin de signifier de dures conditions de vie en vase-clos dans une plateforme sous-marine de forage, et, badaboum, le lieu en question est ravagé par une mystérieuse déflagration mettant en danger tous ses occupants ! Dès lors, le rythme du film se calque sur l'urgence de la situation et part à toute blinde avec ses survivants chercher un échappatoire au milieu d'un environnement hostile rempli de "choses" méchamment allergiques à toute présence humaine...
En découvrant la bande-annonce de "Underwater", on pouvait tabler sur une sorte de "Life - Origine Inconnue" aquatique, c'est-à-dire une proposition pas forcément des plus originales mais qui utiliserait astucieusement des références bien plus grandes (et adorées) pour aboutir sur un bon vieux film de monstre des plus divertissants. C'est en partie le cas ici sauf que "Underwater" joue dans une cour hélas bien plus insignifiante que le film de SF de Daniel Espinosa.
En effet, si William Eubank ("The Signal") régurgite bien tout un tas des titres incontournables du genre à l'écran, il choisit d'en accumuler tous les stéréotypes les plus attendus jusqu'à oublier de donner une véritable identité à son long-métrage. Du groupe de personnages luttant pour sa survie, empilement d'archétypes d'une autre époque auquel le casting (bien pensé) parvient à donner un peu d'âme, aux péripéties qui va les décimer à tour de rôle, "Underwater" tape dans les poncifs les plus basiques pour aller directement à l'essentiel sans jamais envisager une seconde d'en faire plus ! La formule fonctionne quelque part, il faut le reconnaître, la courte durée du long-métrage (1h35) conjuguée à cette ligne de conduite tout autant bourrine qu'un brin nostalgique de la pure série B aquatique lui permet de ne laisser la place à aucun temps mort et évite à notre esprit de divaguer autour de trop grandes réflexions qui mettraient à mal la crédibilité scientifique de l'ensemble (il y aurait pas mal de choses à dire de ce côté mais bon...).
Hélas, hormis les spécificités forcément curieuses des "ennemis", le revers de cette approche se traduit par un cruel manque de développements sur à peu près tout le reste: seuls les personnages de Kristen Stewart et Vincent Cassel héritent d'un background un minimum étoffé, le petit discours écolo de l'ensemble se résume à un incroyable "forer c'est pas bien !" et le déroulement du récit à un terriblement complexe "aller d'un point A à un point B" sans que l'on comprenne grand chose au niveau des distances parcourues par tout ce petit monde.
D'ailleurs, du côté des prédateurs, "Underwater" joue évidemment un moment avec la nature de ses étranges assaillants et, soyons honnêtes, il parvient à titiller un temps notre fascination de cryptozoologiste en herbe quant à leurs apparences, à leurs origines, etc. Toutefois, comme le reste, et à l'exception d'une révélation finale sur... disons... leur mode de fonctionnement
(et une ressemblance frappante avec un monstre "lovecraftien" très connu sans que l'on sache si celle-ci est volontaire ou non, il y avait pourtant moyen de gagner terriblement en envergure avec ça !),
ces monstres en resteront à leurs plus simples contours de menaces et ne marqueront sans doute pas le bestiaire des séries B aquatiques
(si ce n'est cette morphologie finale impressionnante, on le répète)...
Rien de bien neuf dans les abysses donc si ce n'est une simple redite d'un cocktail d'action et de suspense qui se contente de singer de bien plus illustres modèles dans le domaine sans savoir quoi y apporter de plus. Dans le silence des profondeurs, "Underwater" équivaut tout au plus au murmure étouffé d'un bulot en voix d'extinction. Dommage...