Une plongée dans les abysses d'où l’abjection peut émerger à tout instant.


On est descendu jusqu'au fond de l'océan et on ne sait pas ce qu'il en est ressorti.



Underwater réalisé par William Eubank présente un récit ultra rythmé sous fond de traque sous-marine contre une menace venant des abysses. L'histoire (bien que possédant un genre qui aujourd'hui n'a plus grand-chose de neuf à proposer) est percutant et énergique, alternant avec efficacité et vigueur les unes après les autres les péripéties, par des rebondissements souvent désarçonnants. Commençant dès les premières minutes par une ouverture à couper le souffle, le récit prend plusieurs formes, passant du genre catastrophe à celui de survie, d'angoisse pour s'achever sur un survival-horror-monster pur et dur. Avec sa plongée dans un monde engloutie totalement hostile pourvut d'une ambiance oppressante et horrifiante, Underwater bâti, un spectacle horrifique de science-fiction honnête et convaincant dans la droite lignée de Life.


Rendant hommage à Alien, le huitième passager ainsi qu'à son genre tout entier, le long-métrage ne tombe jamais dans la facilité de la copie absolue (coucou Star Wars postlogie), présentant avant tout une trame mature possédant sa propre identité. Underwater dépoussière sans renouveler ce genre prisonnier depuis longtemps de ses propres clichés. C'est pourquoi, ce serait une erreur fort regrettable de le réduire à une simple copie de l'oeuvre de Ridley Scott. Underwater est un spectacle de science-fiction accompli et singulier sur des innocentes victimes confrontées à des monstres autant répugnants que dangereux, où est tout du long visible un excellent travail dans la technicité, la mise en scène, la photographie, la musique, l'atmosphère et la réalisation.


L’intrigue sans être très originale est très bien construite, grace à un enchaînement de circonstances et d'actes, prenant un caractère irréversible à mesure qu'elle plonge dans la violence. Inexorablement l'étreinte assujettie progressivement et fermement les survivants, perfectionnant ainsi la tension déployée autour de ceux-ci, et par là même du spectateur qui ne cesse d'être sur ses gardes. À mesure que le récit avance le suspense augmente, empirant toujours plus la situation des personnages, rendant le tout imprévisible. Le rythme est certainement l'élément le mieux géré par le cinéaste qui en joue habilement. Il rend une expérience éprouvante et essoufflante, où il ne nous laisse aucun moment de répit, afin d'éprouver le sentiment du groupe qui pas une fois n'est en sécurité.


Niveau ambiance, c’est très réussi, avec son ton extrêmement tendu établi avec la catastrophe de départ. Une atmosphère angoissante prend pleinement forme à mesure, que l’horreur avec un gros point d'interrogation s'invite avec une menace encore invisible à ce moment-là. À mesure qu'elle se dessine, la créature au design bien flippant rend le sort des survivants toujours plus pessimiste, condamné et intolérable grace à une utilisation intelligente de celle-ci. Bien qu'on se doute qu'un phénomène indésirable va émerger, on n'est jamais formel d'où et quand l'attaque va se manifester. Favorisant ainsi la paranoïa du spectateur autour du moindre bruit suspect. William Eubank joue habilement avec nos afflictions, et ne choisit jamais le jump scare facile. Misant avant tout sur l’influence glauque et claustrophobe du milieu, choisissant dans un premier temps la suscitation et l'induction pour créer un climat d’horreur par le suspens, jusqu’à ce qu'arrive l'arc final où le cinéaste se libère totalement.


Au départ, la distribution me faisait un peu peur, finalement, c'est incarné avec crédibilité. Initialement, je ne suis pas du tout fan de la comédienne Kristen Stewart, mais fort est de constater qu'elle est parfaite dans ce rôle de femme forte qui ne cherche aucunement à vouloir copier Ellen Rippley. Il n'y a que les séquences de monologues avec elle que je trouve inutiles, l'image parlait suffisamment d'elle-même. Vincent Cassel que je n'attendais pas dans ce film est charismatique, possédant un des meilleurs rôles. Même T.J. Miller le gars qui ne peut s'empêcher de sortir des vannes pour se rassurer passe très bien. Aucune performance hors du commun à signaler, pourtant c'est largement suffisant pour le spectacle proposé. Marco Beltrami et Brandon Roberts signent avec brio les musiques du film de William Eubank. Une sonorité à l'aura intimidante, sombre et alarmiste, avec des sons acérés et perçants, intensifiant l’intensité des menaces.


CONCLUSION :


Underwater est un ingénieux film de science-fiction horrifique, intelligemment réalisé, introduisant de nouveaux monstres terrifiants rappelant ceux de Dead Space. Récit à l'ambiance et au rythme maîtrisé d'A à Z, appuyé par une mise en scène efficace, manquant d'un soupçon d'originalité dans son fond. Hommage à l'oeuvre de Ridley Scott possédant tout de même sa propre identité, nul doute que quelques années plus tôt il aurait bénéficié d'un meilleur accueil. Dommage que certains soient passés à côté de ce film, malgré tout, je ne bouderais ni ne masquerais mon plaisir devant cette oeuvre qui reste bien plus solide, cohérente, et fonctionnelle que quelques titres sortis en décembre.


Une année 2020 qui commence très bien!

B_Jérémy
8
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le 11 janv. 2020

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