La guerre avait pratiquement cessé avec la rapidité de l'eclair. Lucian, le chef le plus redouté et le plus impitoyable du clan des loup-garous avait finalement été tué. La horde des lycans s'était évanoui dans les airs un soir de châtiment où tout c'est embrasé.
La victoire semblait-il était acquise. Pour nous vampires, elle est notre lot dès la naissance. Prés de 6 siècles se sont écoulés depuis cette nuit-là.
Cette querelle ancestrale n'a pas pour autant suivi Lucian dans la tombe. Bien que les lycans soient aujourd'hui moins nombreux la guerre est devenu plus périlleuse car la lune a perdu de son influence. Les lycans plus âgés et plus puissants peuvent à présent se transformer à volonté. Les armes ont évolué mais notre mission reste la même.
Donner la chasse et les éliminer un par un. Une campagne qui a connu un grand succès peut-être trop grand...
Pour ceux qui comme moi sont des tueurs cela marque la fin d'une époque. Comme les armes du siècle passé nous sommes devenu nous aussi obsolète. Dommage parce-que c'était ma raison de vivre.
Recontextualisation:
À l'époque de sa sortie l'idée même du long métrage UNDERWORLD avait pour cible de relancer l'intérêt quelque peu disparu des deux monstres emblématique que représentent le loup-garou et le vampire. Quoi de mieux pour cela que de proposer une confrontation entre les deux figures horrifiques dans un style encore jamais vu, même si le cinéaste Stephen Norrington n'y est pas étranger avec son fameux Blade sortie trois ans plus tôt.
Au moment de la création de cette oeuvre la réunion des deux monstres reste une chose rare avant tout perpétrée dans des vieux classiques du genre en noir et blanc appartenant à la caste Monster Movie et Hammer. Sachant que Van Hellsing ainsi que Twilight n'ont pas encore vu le jour, se sera donc Underworld qui prendra le pas sur tous. Il est à l'origine d'une nouvelle commercialisation en masse dans l'affrontement des deux espèces ainsi que de leurs aventures solo. Un film déterminant à l'effigie de Sam Raimi avec sa saga Spider-Man.
Underworld la saga, plus précisément la tétralogie !
Réaliser par Len Wiseman à qui l'on doit Die Hard 4: Retour en enfer, Total Recall Mémoires programmées, Underworld 2: Évolution et Underworld: Endless war. Un cinéaste grandement critiqué sur son travail que j'apprécie pour son efficacité inventive dans sa mise en scène. Underworld est l'une de mes sagas préférées. Au départ une tétralogie quasi parfaite (court métrage animé Endless war que j'inclus comme un film) dont un cinquième et sixième épisodes malheureusement en dessous formant une hexalogie (6 films) bancale mais efficace.
Underworld est une réussite totale dans le traitement de son histoire mythologique survenue tout du long de la tétralogie. Une mythologie autour des créatures de la nuit épatante avec des idées saisissantes. La connexion entre les quatre premiers chapitres est tel que cela donne une ampleur colossale à cette épopée. Un véritable univers pourvu d'un background édifiant et surtout original.
Rien n'est laissé au hasard, la conception de cet univers avance détail par détail avec des éléments transmis semblant mineur sur le moment mais se révélant très important au fur et à mesure que les suites sortent. Une élaboration soignée, complexe, crédible, sérieux, mesuré et cohérente alimentant ce folklore utopique. C'est dans l'union des trois autres opus que cela devient important avec un approfondissement sur les raisons ayant conduit à la grande guerre des deux espèces. Il faudra attendre la fin du troisième film pour en comprendre toutes les finalités.
À présent la critique, à table !
Pour ce premier long-métrage l'histoire se montre alambiquée et ironique sur les thèmes familiers de Romeo et Juliette. Le récit ce centre sur deux clans que tout oppose dans un affrontement générationnel qui sera perturbé lorsqu'un couple appartenant aux deux familles se formera. Le contexte amoureux propre à Roméo et Juliette n'est ici qu'un prétexte à l'élaboration d'une guerre millénaire.
Ainsi la relation entre les deux tourtereaux reste secondaire dans le circonspecte le plus total. Aucune déclaration d'amour Shekspearienne, pas de fil conducteur romanesque à l'eau de rose. La relation reste avant tout sobre ne freinant jamais le récit. Un très bon point.
La présentation des deux familles ancestrale est brillamment exposée. Le clan vampire est représenté par des grands monarques riches, puissants et avides de pouvoirs. Ils sont tout en haut de la hiérarchie.
Les loups garou appelés ''Lycan'' sont à l'opposé, obligé de vivre caché du monde dans les égouts tels des rats. Étrangement il n'y a que des hommes.
Pourtant une chose les rassemble, la famille Corvinus. Les Corvinus qui seraient selon la légende à l'origine de tout. Je n'en dirais pas plus pour conserver le mystère autour de ce nom.
Malgré quelques petites facilités scénaristiques Underworld premier du nom offrent un scénario solide livrant des indications importantes à coup de flash back ou de simples petits éléments.
Une histoire de vengeance voilà plus précisément le contexte d'Underworld.
La réalisation sans être révolutionnaire reste élaboré et raffiné dans sa texture graphique. La mise en scène est stylisée par un caractère gothique qui prédomine l'ensemble des décors et autres costumes. Le travail des détails autour des tombeaux des Aînés est exceptionnel, tout comme la crypte où ils sont posés. Visuellement le noir est clairement de mise avec un contraste rouge sanguin magnifique. Cette teinte de fond obscure est magnifié par un éclairage en mouvance, entre la lune , la pluie et les différents contrastes mise en place. Il en résulte une ambiance horrifique funèbre et ténébreuse conférant un aspect plutôt poétique à sa texture.
La narration est soignée, je bois littéralement chaque dialogue perpétré par les personnages les plus emblématiques tant ils sont saisissants.
-Sans vous j'étais perdu mon Seigneur. Sans cesse harcelé par Kraven et son amour toujours aussi obsessionnel.
-Hum hum hum. C'est une histoire vieille comme le monde. Il désire la seule chose qu'il ne peut pas avoir. Hum. Maintenant... dis-moi. Qu'est-ce qui t'a amenée à croire que Lucian est toujours en vie ?
-Mais je vous ai donné toutes les preuves nécessaires.
-Des images et des pensées incohérentes. Tu m'as rien donné de plus. C'est précisément pour cette raison que le réveil doit être effectué par l'un de nos Aînés. Tu ne possède pas le talent nécessaire à une telle action.
-Mais j'ai vu Lucian, je lui ai tiré dessus, je vous supplie de me croire.
- La chaîne n'a jamais été brisé pas une seule fois, pas une fois en 14 siècles. En tout cas pas depuis que nous les Aînés avons commencé notre jeu du saute-mouton. Un réveillé deux endormi, chacun à son tour. Là c'est à Marcus de régner aujourd'hui et non à moi.
-Mais je n'avais pas le choix l'assemblée est en danger et Michael...
-Krraa! Ah oui...cruuu... le lycan.
- Maître, donnez-moi l'occasion de prouver ce que j'avance.
-Je laisserai à Kraven le soin de m'apporter cette preuve. Si tenté qu'elle existe.
-Vous lui faites davantage confiance qu'à moi ?
-Oui. Parce que contrairement à toi, lui n'a pas été contaminé par un animal. Sache que je t'aime... comme ma propre fille. Tu ne me laisses pas le choix. Ces règles ont été établi pour une bonne raison, et c'est grâce à elle justement que nous survivons depuis si longtemps. Nous n'aurons pas une once de clémence à ton égard. Quand Amelia arrivera le Conseil se réunira et décidera de ton sort. Tu as brisé notre chaîne et tu as enfreint les règles et pour cela tu seras jugée !
Pour ce qui est des effets spéciaux ça reste un minimal bon, même si on sent les effets du temps. L'utilisation des CGI reste minime avantageant à mon sens la réalisation. Le parti pris de faire exclusivement (à quelques scènes près) les Lycans en costume animatronique me plaît grandement. Cela offre plus de réalisme. La performance graphique autour de leurs traits est superbe, ils sont bien faits. Je regrette seulement qu'ils se ressemblent tous à la perfection. Il faudra attendre les suites pour avoir droit à différents physiques.
Les actions sont efficaces et nombreuses. Les chorégraphies sont superbes et l'actrice principale est déchaînée. La mise en valeur des combats reste impressionnante, néanmoins on sent que ça reste encore assez difficile de mettre en mouvance les loups-garous c'est pourquoi on a un peu l'impression qu'ils sont assez statiques. Fort heureusement ce détail sera grandement corrigé dans les prochains chapitres. Les scènes d'affrontement et autres fusillades sont réalistes offrant un spectacle honnête et intense.
La bande originale d'Underworld a été produit par Danny Lohner et composée par divers artistes à travers plusieurs titres. Les musiques sont assez présentes et s'en sortent pas mal du tout. Pour les non initiés du hard rock ça posera peut-être problème pour quelques pistes, mais fort heureusement cela ne prédomine pas cette production. Les différents titres correspondent bien avec l'ambiance imposée. J'apprécie la façon dont certaines chansons sont intégrées, comme lors de la scène où Michael se fait enlevé et enfermé dans une voiture où la radio s'en donne à coeur joie.
À présent le point qui me touche le plus... le casting ! J'ai rarement eu un casting ou l'ensemble des acteurs phares m'a faits autant frémir de plaisir.
L'héroïne "Selene" est incarnée par l'actrice Kate Backinsale, on peut le dire elle est née pour ce rôle. Magnifique , sensuelle et dangereuse. Un vampire femelle badass et iconique. Selene est une vampire chasseuse aguerrie de loups garous qui n'a pas froid aux yeux. Elle voue une haine sans failles aux lycans et voue un culte absolu en son chef Viktor. J'aime la manière dont celle-ci est présentée et l'acabit dont elle fais preuve, son personnage évolue constamment au fur et à mesure que les aventures s'enchaînent. Elle a mauvais caractère, toujours empathique et par la même pourvue d'une grande force. Hormis Viktor elle ne laisse personne lui dicter sa conduite.
Vient ensuite "Viktor" incarné par le génial Bill Nighy ! Ah là là, qu'est-ce que je peux adorer cet antagoniste qui fait partie de mes vilains préférés. Ce n'est pas dans ce volume qu'il est le mieux mis en avant, mais c'est ici que commence sa légende. Omniprésent dans les mémoires de chacun est à travers l'âge il est celui qui a conduit la race Vampire en haut de l'échelle, il en est le grand commanditaire. Intraitable, venimeux, malfaisant, perfide et diabolique. Il possède une rage absolue en Lucian chef des loups garous.
Leurs histoires sont étroitement liées dans le sang . J'ai rarement vu un personnage avec autant de mimiques, il possède une stature redoutable et se révèle également très émotif en ce qui concerne sa fille qu'il aime plus que tout.
Il est un personnage tragique et torturé entre l'assemblé, son sang, sa vision étroite du monde qui l'entoure et sa peur incommensurable de l'inconnu en font un ennemi intransigeant et rigide A travers son masque de Roi vampire surpuissant on ressent la peine qui l'habite et à quel point celui-ci est un être malheureux, mais les détails à tout cela sera révélé dans le troisième film. C'est un comploteur hors pair qui manie l'art de la politique et de la guerre comme personne.
"Lucian" chef des lycans et premier de sa race, personnage que j'adore, incarné par le comédien Michael Sheen pour le coup méconnaissable dans ce rôle. C'est dans le chapitre 3 qu'il est royal, que dis-je surpuissant. Lucian est sans doute le gars qui a eu le moins de chance dans sa vie avec un passé détestable. Un véritable enfer qui le conduit à devenir le premier rempart contre l'ordre Vampire. Il est honorable et respectueux possédant un sens de l'honneur très fort qu'il n'hésite pas à laisser de côté pour laisser son côté bestial sortir quand il faut casser du vampire. Il déteste plus que quiconque Viktor et tient à se venger tout comme lui-même veut aussi se venger de lui.
Ce que j'aime avec ce personnage c'est que contrairement à Viktor qui veut l'anéantissement total des Lycans, lui ne tient pas à décimer les suceurs de sang mais a créé une coalition entre tous afin qu'ils puissent vivre les uns avec les autres et pour cela il a un plan.
Un affrontement entre l'extrémisme et la tolérance, un combat de moralité .
Il est à noter que je trouve amusant de voir l'acteur Michael Sheen incarné le roi des loups garou alors que plus tard dans la saga Twilight il incarnera le chef des Vampires, ironique comme situation. Entre les deux il n'y a même pas l'ombre d'un doute, c'est sous les traits de Lucian qu'il déchire tout.
Scott Speedman alias Michael Corvin dans le récit est sans doute le personnage le plus délaissé de la franchise alors qu'il est pourtant bien utilisé dans la première trilogie. Le pauvre se retrouve en plein coeur d'un conflit dont il ne connaissait rien du tout. Pour l'un une véritable nuisance, pour l'autre la garanti d'une ère de paix . Des 4 protagonistes principaux il est le seul qui me laisse un peu indifférent. Il reste tout de même essentiel à l'histoire et sera à l'origine de pas mal d'action impressionnante et surtout au premier être hybride des deux monstres sacré du cinéma.
Les défauts d'Underworld se pause dans certains traitements illogiques. Exemple, je suis consterné que les vampires ne voient pas dans le noir étant obligé à'éclairer dans les endroits sombres. Pour des créatures de la nuit ça craint. Les lycans qui sont tous des hommes, pas d'explication fournie. Enfin quand je vois le superbe travail fourni autour des décors et des costumes je trouve dommage que le vampire-garou soit si simple dans sa conception. Sa couleur de peau est sympa et le travail sur son torse rend bien, mais niveau visage zéro effort. Un regret également autour d'Amélia peu montré dans ce film.
Enfin dans les points très positifs je tiens à rendre grâce au superbe background de ces monstres. Le concept vampire y est magnifié. La transmission de souvenirs par le sang via les suceurs de sang est bien trouvée. L'idée des trois Ainés vampires où chacun gouverne pendant 100 ans puis plonge les autres dans un sommeil profond pendant qu'il règne dans un jeu du saute-mouton jusqu'à ce qu'ils échangent leurs tours est épatant !
Les vampires Aînés Victor, Amélia et Marcus, également nommés les Grands Aînés, sont les trois dirigeants de la nation mondiale vampire et les plus puissants de leur espèce. Ils sont les plus anciens Vampires, régnant avec l'aide du Conseil des vampires. Oui on a même droit à de la politique qui sera plus poussé dans le troisième opus ainsi que le concept de Lucian qui ici est amoindri.
CONCLUSION :
Underworld se révèle être un film au multiple qualité qui prend une grosse ampleur avec les autres opus. En plus d'être un film fantastique d’actions spectaculaires, il réussit à créer une véritable mythologie mettant en avant des personnages tous plus iconiques et charismatique les uns des autres. Un projet soigné et riche signé Len Wiseman qui n'a certes pas créé le meilleur long métrage de tous les temps mais à réussi à imposer ses valeurs artistiques.
Le début d'une légende mythologique d'ampleur !
Moitié vampire, moitié lycans. Plus fort que les deux espèces réunies...