Une affaire d'État par Ninesisters

J'appréhende toujours un peu quand il s'agit d'entamer un film français récent – et ce malgré les raisons qui, justement, me poussent à le voir – pourtant, force est de constater que quand les Français font dans le cinéma de genre, ils se débrouillent plutôt bien ; j'en prends pour preuve l'excellent Affaire Farewell, et dans une moindre mesure Une Affaire d'État. Malheureusement, les producteurs français ne semblent apprécier que moyennement le cinéma de genre.
Malgré des scènes policières qui lorgnent parfois du côté des fictions TF1 du Jeudi soir, et des scènes de voiture qui semblent devoir basculer dans le délire à la Tarantino – ou comment la musique de western est devenu inutilisable dans les non westerns à cause d'un accroc aux films de Sergio Leone – Une Affaire d'État s'en sort avec les honneurs, grâce à une intrigue politique convenue mais bien menée, une réalisation efficace sans exubérances, et une galerie de personnages convaincants, dont certains superbement interprétés par leurs acteurs respectifs : un ex-barbouze, une flic énervée, une mère maquerelle manipulatrice et pas exempte d'une véritable classe, et un conseiller de l'ombre peu recommandable.
Le film tire parfois en longueur, mais quelques passages de haute tenue – la poursuite entre la flic et le barbouze, les scènes d'action et d'exécution, et la dernière apparition du conseiller – lui donnent une saveur toute particulière, une identité propre le rendant parfaitement unique malgré ses approximations. Parmi les films français sortis ces dernières années, il fait indubitablement partie des titres mémorables, en plus d'être un des rares long-métrages sérieux sans jouer la carte du drame social.