Bien qu’il semble opérer un virage important, par rapport à ses deux premiers longs métrages, Une aventure de Billy le kid est la suite logique, d’un point de vue géologique, des Contrebandières, qui se déroulait déjà dans les grands espaces alpins. Il s’agit donc d’un western sur les terres noires des Hautes-Alpes, notre Arizona. C’est un film d’arpenteur, une course-poursuite infernale, un voyage harassant dans le sublime et le labyrinthique. L’histoire est secondaire ici, les lieux sont les seuls vrais guides. Moullet aime ces paysages, cet amour transpire de chaque plan. Un désert lunaire, des chemins escarpés, des falaises enneigées, de fines rivières. Certains plans sont parfois gigantesques, Moullet parvenant à saisir les personnages dans un ensemble qui les rend minuscules, dévorés par cette grandeur abstraite et multiforme. Et au centre il y a Jean-Pierre Léaud, brigand fuyard, qui prend une jeune femme perdue sous son aile. On ne comprend pas grand-chose de leur fuite, de leur rapprochement, le film est parfois très ingrat dans ses enchainements, ses post-synchro, ses ellipses en pagaille. Et pourtant il se passe un truc vers la moitié, une histoire de double-jeu et de vengeance qui chamboule un peu tout ce qu’on vient de voir et donne un supplément de folie au film, qui va dès lors se complaire dans le flashback. Une aventure de Billy le kid est donc un film complètement pété – qui vire d’ailleurs au délire hallucinatoire à la fin – que Moullet va tourner en six jours avec une équipe archi réduite composée de proches, le budget doit donc tenir dans un porte-monnaie. Pas loin d’avoir adoré.