Synopsis : un jeune couple se retrouve obligé de quitter l'appartement qu'il occupe depuis le retour de son propriétaire (qui est accessoirement l'ex mari de la femme). Walter (joué par Tom Hanks), l'un des deux jeunes amoureux, finit par contacter un agent immobilier véreux qui leur file un "tuyau en or" : une immense maison à vendre 200 000$ au lieu de 1 million. Une fois la vente faire ils comprennent à leur grand désespoir l'arnaque : la maison tombe en ruine de toute part.
Sur la forme, le film ne brille pas par son originalité. Les plans de caméra sont peu recherchés, les costumes caricaturaux (on pense aux premiers "ouvriers"), la musique est anecdotique comparée aux productions de l'époque) et le travail d'éclairage totalement inégal (surtout la scène où la tuyauterie de la baignoire rejette les eaux usées), avec de grosses ombres horizontales).
Sur le fond : le déroulé du récit se base sur un procédé simpliste. Au fur et à mesure des problèmes découverts dans le bâtiment le couple se délite également. Finalement une fois les travaux finis, ils finissent par se réconcilient car l'amour est plus fort que tout ... Un traitement extrêmement classique sans réelle subtilité et qui montre vite ses limites puisque le scénariste se sent obligé de mettre plein de petites sous-intrigues et séquences inutiles au récit ou à la construction des personnages (les phases liées au boulot de Walter, la demande de prêt d'argent à un enfant plein aux as qui n'apporte rien à l'intrigue...). Les séquences de découverte des nombreuses malfaçons successives versent dans le grotesque et prennent bien trop de place dans le récit.
Pire, le scénario bascule de manière brutale et téléphonée lorsque Anna pense avoir trompé Walter avec son ex mari sous l'influence de l'alcool. L'intrigue se détourne alors de la bâtisse au profit du couple sans crier gare.
À mon sens, le script aurait été bien plus qualitatif s'il prenait la direction inverse : en se centrant davantage sur les problèmes du couple avant l'achat de la maison, la reconstruction de cette dernière aurait été la métaphore de la reconstruction de celui-ci.
Le récit aurait pu alors progressivement glisser d'un ton sombre (fixé sur les problèmes sentimentaux) vers quelque chose de plus léger, avec comme élément charnière la réfection de la maison qui se révélerait au final être un bienfait au lieu d'une malédiction, au delà des apparences du début.
Une autre piste à explorer aurait été celle de la place occupée par l'équipe d'ouvriers. Comme on le voit dans une partie du film, ceux-ci s'imposent dans la vie intime des deux amoureux. En faisant partie intégrante du décor (une sorte d'humanisation, d'incarnation de la maison), et en leur donnant un esprit de corps, un rôle de famille/conseiller matrimonial, les ouvriers auraient pu servir d'élément cathartique aux amoureux, comme des observateur extérieurs, des arbitres apportant un élément comique au film et un soutien psychologique aux protagonistes centraux. Ils auraient contribué à réparer le couple comme ils réparent la maison. On aurait alors une construction scénaristique plus proche de ce qui faisait le succès des films des années 80, avec une progression positive vers la résolution finale, un montage montrant l'amélioration des personnages (à l'instar de l'entraînement dans Rocky, ou de l'aménagement de l'aéroport dans Le Terminal) à travers la progression des conditions de vie au sein de la maison.
Ainsi, des conseils juridiques ridicules demandés par un ouvrier à Walter (qui est avocat) au début du chantier au lieu de bosser (son père aurait pris une balle de golf sur le crâne, peut-il porter plainte?), on serait passé à un retournement de situation où, une fois la confiance instaurée, un groupe d'amis plutôt que d'employés aurait délivré des conseils à un Walter désemparé face à ses sentiments. De la même manière, la scène où un des ouvriers signale à Anna qu'elle arrive à court de pilule aurait pu être déclinée plus tard dans le film pour montrer comment cette plongée dans l'intimité passe de gênante à acceptée, voir demandée, témoignant de l'évolution du rapport entre les occupants du lieu et ceux qui y travaillent, floutant la frontière les séparant.