Un film quasiment inédit en France, pourtant les trois premiers quarts d'heure sont franchement bien, vifs, surprenants, mêlant romance, comédie et aventure, j'étais à 7.
Les deux acteurs masculins sont au top : Cary a pris forme, superbe dans son rôle de joli coeur volage, héros de l'aviation française. Mais il n'arrive qu'après le premier acte du film, où la blonde Suzy (Jean Harlow pas très jolie aux faux sourcils vraiment très hauts), chorus girl américaine exilée à Londres, rencontre Terry Moore (Franchot Tone plus bondissant que jamais), ingénieur dans une usine qui fabrique des moteurs d'avion. Elle veut épouser un lord, il roule en Rolls Royce empruntée. Elle lui fait croire qu'elle est célèbre. Leurs mensonges respectifs découverts, ils vont aux courses, elle lui porte bonheur, il lui demande de l'épouser. Fin de l'acte londonien en catastrophe : dans l'usine où il travaille, Terry surprend une conversation en allemand, il est suivi jusque chez lui et abattu par une mystérieuse femme brune. Suzy, s'enfuit, par peur d'être suspectée du meurtre et retrouve une collègue à Paris.
Elle y redevient danseuse, et chanteuse au café des Anges. Magnifique apparition d'André Charville-Cary dans le café avec un bouc (l'animal). Il n'écoute pas sa chanson, ça l'énerve. Elle se tait, il chante (pas très bien, mais c'est l'intention qui compte), ils dansent et picolent sous les bombes. Elle doit prendre le bateau pour les Etats-Unis le lendemain, il doit repartir au front. Coeur d'artichaut, Cary n'arrive pas à dire au revoir et la poursuit dans le train puis jusqu'à l'embarquement du bateau, il lui demande de l'épouser. Devenue Madame Charville, elle s'installe à Paris avec le père de Cary, ils partagent leur amour du sale gosse pendant que celui-ci s'illustre au front (et récolte d'autres jolies fleurs).
Jolis dialogues (signés Dorothy Parker), tout ça est bien enlevé. Mais petit à petit on s'inquiète; on se dit que ça risque d'être long : il va falloir résoudre tout ce qui a été laissé en plan au premier acte... et là ça devient franchement mauvais. Parce que le film ne cherche plus qu'à trouver une fin, et le virage dramatique n'arrive pas à passer. On a droit à quelques scènes de batailles aériennes récupérées des chutes de Hell's Angels d'Howard Hughes. L'héroïne, qui donne son titre au film, reste finalement un peu creuse. Dommage car il y avait une belle énergie et de brillants messieurs en face. Le film mérite d'être vu pour les amoureux de Cary. Qui meurt à la fin du film, une fois n'est pas coutume.