Une bouteille à la mer, belle métaphore pour résumer la relation entre deux voisins qui ne peuvent pas s'atteindre.
Tal, une jeune française ayant immigrée en Israël, demande à son frère Eythan qui effectue son service militaire, de lancer sa bouteille. Naim, un palestinien, devient le destinataire de ce message. Cette liaison dangereuse s'adapte aux lois du 21ème siècle et se perpétue par voie électronique. Cet échange est l'occasion pour chacun d'exister car on ne peut s'écrire sans se reconnaître. Les personnages ne cherchent pas à se comprendre mais à comprendre. Tan a peur des attentats, et voit malgré elle, dans chaque visage étranger un possible poseur de bombes. Confier son angoisse à cet inconnu quitte à essuyer ses sarcasmes, est une manière pour elle de la surmonter, de l'apprivoiser. Naim n'a jamais rien connu d'autres que cette vie à Gaza. Une vie sans rêve, sans perspectives. Le message de Tan le réveille. Si elle avait été une « simple » juive israélienne, l'échange aurait rapidement tourné à la confrontation. Mais Tan est française, et la France c'est un rêve auquel Naim veut s'accrocher. Lui qui s'était résigné à cette vie recluse et sans âme, reprend des cours de français à l'université, et décide de présenter sa candidature pour une bourse d'un an à Paris.
C'est une très jolie histoire que ce film nous raconte. Sans sombrer dans la démagogie bonne enfant du « c est en se parlant qu'on résout nos problèmes », Thierry Benisti délivre subtilement certaines vérités. Il dépeint une réalité du quotidien: celle des palestiniens qui vivent avec le frein à main (au sens propre comme au figuré), qui rêvent de liberté en tant que peuple mais surtout en tant qu'individu. Car vivre au sein d'une communauté recluse incite à la solidarité mais rend difficile l'affirmation d'une identité propre. Quant aux israéliens, ils sont les prisonniers de leur héritage historique. Les jeunes générations doivent défendre un passé qu'ils n'ont pas connu. Nombreux sont ceux qui ne connaissent pas l'origine de la guerre, et nombreux sont ceux qui reculent à l'idée de servir leur pays en tant que conscrits. Le nationalisme est davantage un devoir qu'une force naturelle; preuve d'ailleurs que le conflit israélo palestinien est une affaire de stratégie politique et non pas une guerre religieuse ou idéologique. Comme le résume Tan, la majorité des israéliens et la majorité des palestiniens, souhaitent la fin d'un conflit pesant et inabouti. Malheureusement, c'est la minorité puissante qui gouverne et fait entendre qu'un territoire ne se partage pas.
La réunion ne peut donc se faire qu'en terrain neutre. Pour Tan et Naim, cette terre sera la France.
Un beau message donc, mais aussi un message terriblement et tristement réaliste...