Une chanson pour ma mère par cloneweb
Le débat sur le financement du cinéma français faisant rage dans les médias et sur les réseaux sociaux, il semblait intéressant d’abord le sujet au travers d’une comédie. On aurait pu choisir la facilité et aller voir Turf ou Boule & Bill mais l’exercice aurait peut-être été un peu trop aisé.
Je me suis donc tourné vers quelque chose de différent et qui, sur le papier, avait un potentiel un peu plus intéressant qu’un film de Fabien Ontoniente pris au hasard : Une Chanson pour ma Mère. En terme de pitch d’abord, le film pouvait offrir quelque chose de drôle puisqu’on va suivre une famille qui capture Dave (oui, le chanteur hollandais). Il y avait donc là un gros potentiel burlesque et la présence de Benoit Mariage (Les Convoyeurs Attendent) aurait pu être un gage de qualité. L’autre indice, c’est Disney à la distribution. Après tout, si la firme investit de l’argent, c’est qu’il y avait quelque chose à en tirer. Bref, ça avait tout pour être sympathique.
Ce ne fut pas le cas.
S’il y un peu de second degré dans les précédentes lignes, je voyais dans le film un potentiel réel : celle d’un chanteur qui cherche à casser son image (ou qui à ce stade de sa carrière n’en a plus rien à foutre), un jeune réalisateur de documentaire (Joël Franka) qui cherche à percer… Ca aurait pu être drôle.
Mais on sent dès la mise en place de l’intrigue que quelque chose cloche, ne fut-ce que dans l’histoire. On va vite se rendre compte que les scénaristes (Franka et Mariage, aidés par Gladys Marciano qui a écrit Mince Alors pour Charlotte de Turckheim !) n’ont aucune idée de ce qu’ils veulent faire. Une comédie franche et décalée ? Une histoire de famille dégoulinante de bons sentiments ? Un vaudeville à la Gérard Oury enchainant les situations bizarres ? Une Chanson pour ma Mère est un gros mix de tout ça, pas foutu de trouver son ton ni même ce qu’il a envie de raconter.
L’histoire se déroulant en Belgique, quelques situations belgo-belges auraient pu être amusantes mais même là, Joël Franka passe à coté, se contentant de quelques belgicismes. Ajoutez à cela un directeur de la photo qui n’a manifestement jamais mis les pieds sur le tournage et des cadrages bordéliques, et on se demande ce qu’on fout là.
Rien, ni dans la mise en scène, ni dans l’évolution de l’histoire, ni dans le montage ne vient sauver le film du naufrage si ce n’est peut-être Dave lui-même. Le chanteur s’amuse, et ça se voit. Il aurait pu casser son image, faire n’importe quoi, se lâcher mais il se contente de jouer le personnage qui fait sourire quand on le voit sur le canapé de Michel Drucker. C’est limite mais ça passe.
Heureusement aussi qu’il y a Mathilde Goffart. La jeune comédienne (vue dans le rôle principal de Survivre avec les Loups) déborde de fraicheur et de naturel et vole la vedette à des comédiens à la carrière aussi longue que mon bras.
Les autres comédiens sont là … pour quoi sont-ils là ? Patrick Timsit est aussi convaincant que les poules que l’on voit dans la ferme, Sylvie Testud est venue payer ses impôts et Guy Lecluyse est aussi habile que lorsqu’il fait la voix off de Motus.
Alors vous pourriez me dire que je suis dur avec un premier film, qu’il y a de belles images, de jolis sentiments et que votre grand mère pourrait s’amuser. Certes, il y a quelques passages mignons. Mais Une Chanson pour ma Mère sort en salles. En salles ! A une époque où l’on parle financement, cinéma en difficulté, films difficile à produire. A une époque où de nombreux projets de jeunes réalisateurs talentueux restent dans les tiroirs parce que les chaines de télé préfèrent financer des comédies légères avec des acteurs faisant de l’audience et étant disponibles pour de la promo amusante. A une époque où chaque mercredi il sort plus de dix films dont certains réussis ont une distribution ridicule.
Une Chanson pour ma Mère aurait eu une place toute trouvée sur TF1 un mardi à 20h50, après une demi tonne de publicités, un téléfilm mignon qu’on regarde en famille ou en faisant autre chose en même temps. Mais pas au cinéma.