En dehors de sa geôle, la lumière, la musique, le froid et les pleurs
Une Éducation c'est une jeune fille bien cadrée, corsetée dans un univers étriqué formé par ses parents rétifs au changement et à la nouveauté et une école exigeante, qui croit voir tout à coup une ouverture dans sa morne prison ...
La pluie et le violoncelle l'oblige en effet à (ou plutôt lui fait le plaisir de) introduire dans cet horizon restreint David, trentenaire juif jovial qui est l'occasion pour elle de gouter à la nouveauté, à la liberté, occasion aussi pour elle de gouter aux fruits défendus, de savourer ces découvertes qui rendent le temps avant son arrivé bien pâle !
C'est donc pour moi un film où l'envie d'appuyer sur pause pour passer mes nerfs sur les personnages est quasi continuelle, ils font n'importe quoi, on a une bonne envie de les frapper ...
Si ce n'est ce détail, on savoure ces acteurs qui sont tous de bonnes surprises puisque leurs personnages offrent des moments d'étonnement et détonnant, s'étoffant parfois alors qu'on avait abandonné tout espoir sur eux, on profite d'une bande originale agréable, d'une atmosphère travaillée (costumes, décors, lumières).
On alterne des moments d'une niaiserie consternante avec des moments très vrais et touchants, on appréciera les parallèles, les comparaisons qui s'offre à nous au fil du film entre les différents personnages alors que la plupart des rôles ont tendance à s'inverser : le personnage principal étant d'une certaine manière la seule constante alors que le film s'articule autour d'elle et qu'elle grandit et subit justement cette double éducation de la vie et intellectuelle ....
Le rythme et les scènes ne sont pas vraiment équilibrés (scénaristiquement autant qu'émotionnelement), cependant le film doit se considérer comme un ensemble puisqu'il s'auto compense de manière satisfaisante : à la fin du film on a le regard un peu las et fatigué, on s'interroge un peu sur ses choix, sa révolte adolescente, la lâcheté, la trahison, l'éphéméride du bonheur, l'illusion euphorique, la légèreté, l'ivresse. Le tout est consensuel en fait si ce n'est dans ses personnages confrontés à leurs défauts et leurs contradictions : ne plaira pas à tous, loin de là, il faut accepter un pragmatisme et des préconçus pour touche par touche composer ce tableau.