La Femme est un Homme comme les autres!
Fer de lance du cinéma sud-coréen qui a permis à son pays de trouver sa place dans le concert du cinéma mondial,Im Sang-Soo reste,aujourd’hui encore,un de ses meilleurs ambassadeurs.Réalisateur à la réputation sulfureuse,il cultive sans cesse cette image de libre penseur à travers sa filmographie.Observateur attentif de la péninsule,il ne cesse de dénoncer ses tares et dépeint une Corée incapable incapable de transition démocratique depuis la guerre et sa scission Nord/Sud au début des années 50.
Sa colère est toujours intacte et il le démontre encore ici,avec cette histoire d'adultère sur une toile de fond de déliquescence morale et sociale.Qui mieux que ce couple bourgeois pour incarner au mieux la lutte des classes et le profond sentiment de malaise d'une société perdue dans ses grandes contradictions?Lui,le juge corrompu trainant son mal être avec sa jeune maitresse et elle,partageant sa triste existence entre son fils adoptif,ses cours de danse et sa relation plus qu'amibigue avec cet adolescent tiraillé par ses fantasmes réprouvés.Les hommes,sous leur apparente domination,ne tarderons pas à se dévoiler tels qu'ils les sont vraiment,pauvres pantins pathétiques à la recherche de plaisir éphémère.Le courage et la vertu honorent ces femmes laissés à l’abandon,luttant de toute leurs forces pour rester humbles et dignes.Sous bien des aspects,elles prennent en main la destinée d'un pays laminé par une gestion masculine à bien des égards catastrophiques.Le sexe sert ici de parabole à une impuissance inavouable sur la lente agonie de ces pauvres errants.L’image de la famille en ressort largement égratignée,à l'exemple de ce grand père en fin de vie qui continue de vouloir diriger et n'accepte aucun conseil,saisissant rapprochement d'avec l'époque dictatoriale vécue par ce personnage.Et cette grand mère qui n'a vécue que pour son mari se libère enfin de son emprise terrifiante à la mort de celui-ci.Soulagé,elle s'épanouit de nouveau.Constat accablant d'un système destructeur.
Le début,macabre,stigmatise avec véhémence la violence sévissant dans cette contrée,signe que la reconstruction espérée est loin d'avoir aboutie à un réel apaisement.Ces laissés pour comptes du mirage économique n'ont d'autres choix que de la laisser éclater,effroyable conclusion d'une misère atroce.Im Sang-Soo,avec toute la lucidité qui le caractérise,a comprit depuis longtemps qu'elle ne pouvait que se retourner contre ses propres citoyens,témoin la douloureuse perte de cet enfant tant aimé par ses parents.L'échec en incombe essentiellement à cette police et cette justice dévoyée,dont le seul but est d'éviter tout scandale préjudiciable à leur réputation.Comment construire une juste démocratie en gardant les bases malsaines d'une théocratie méprisable,encombrant héritage d'un lourd passé?La question est posée mais la réponse semble trop inconséquente et obsolète pour remédier aux problèmes posés.La toute dernière séquence ou l'épouse du juge trompée fait table rase du passé en lavant le sol de la salle d'entrainement est une belle et subtile métaphore sur la solution à adopter pour tenter de sortir de cette impasse.
Si le réalisateur est toujours aussi talentueux pour s'emparer des sujets brulants en le transposant brillamment à l'écran et garde un regard grivois qui fait souvent mouche,ses quelques excès de mise en scène et son imagination débordante alliés à quelques invraisemblances atténuent fortement le plaisir coupable que procure forcément un telle création.C'est d'autant plus dommageable que la force de conviction des acteurs et la sourde mélancolie qui se dégage de cet ovni auraient été quasi parfaits sans ces quelques défauts de fabrication.
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