Deuxième film du Britannique Dominic Savage, Une femme heureuse m’a surtout attiré pour l’investissement que l’actrice Gemma Arterton a mis dans ce projet. Actrice, productrice, co-scénariste et muse de ce drame naturalico-romanesque , elle incarne ici, Tara, Desperate housewive en quête d’indépendance qui voit sa routine quotidienne la submerger et lui donne des envies de partir loin, bien loin de sa famille.


L’intérêt du film réside dans sa volonté de plonger le spectateur dans l’esprit de cette femme en pleine crise existentielle. Pendant quarante minutes, je dois dire qu’il réussit plutôt bien son pari. La justesse d’écriture du personnage principal alliée à l’interprétation magistrale de Gemma Arterton et quelques bonnes idées de mise en scène permettent au spectateur de s’identifier immédiatement au malaise intérieur que subit Tara. Rarement, je me suis senti aussi oppressé devant le portrait d’une mère de famille vivant dans les banlieues résidentielles londoniennes. L’atmosphère y est triste, mélancolique et parfois sombre mais il est difficile de reprocher au film d’aller au bout dans son parti pris.


En revanche, je regrette que le reste du long métrage ne soit pas de même qualité. L’escapade de Tara dans un Paris idyllique sonne incroyablement faux et tombe dans une flopée de clichés que le scénario s’efforçait d’éviter jusque-là. Ainsi, difficile de ne pas se sentir frustré devant cette œuvre qui après avoir bonifié son concept, pendant sa première moitié, se retrouve à livrer une copie accélérée des pires moments du « temps de l’aventure » (ennuyeux/20). Rien de totalement honteux mais je trouve dommage que le film décide à mi-parcours de s’aventurer maladroitement sur le terrain de la fable moralisatrice avant de terminer sa course sur un dénouement assez convenu. Du coup, on hésite à le conseiller aux fans de Gemma Arterton même si, on le répète, sa performance est bouleversante.


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le 24 avr. 2018

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