Ca parle de quoi ?
L'action se déroule "au milieu de l'époque victorienne". Pamela Thistlewaite est une jeune femme qui a la vie devant elle mais qui se voit, avec sa soeur, bridée par son père et les conventions sociales. Elle entre dans le monde des adultes avec parcimonie mais, déjà, doit suivre des règles qui ne peuvent être remises en cause. Ainsi, quand son père leur propose de futurs maris, elle voit dans son insistance la première défaite de son sexe. Petit à petit, elle défie la société masculine dans laquelle elle évolue et trouve un travail dans un magazine féminin, à l'époque exclusivement réservé aux hommes. Elle élève une petite fille qu'elle recueille seule et se dresse contre les affres d'une idéologie dominante...
Un portrait de femme militant
Malgré un scénario parfois beaucoup trop alambiqué pour tenir en haleine le spectateur qui s'y perd un peu, A Woman Rebels donne le ton d'une époque révolue qui reléguait la femme au second rang. On y voit les difficultés pour trouver un emploi, Pamela ne réussissant pas à être embauchée en tant que secrétaire ou vendeuse. Il n'y a aucune confiance quant à la capacité des femmes à égaler l'homme, dans quelque domaine que ce soit. Ainsi, l'héroïne se retrouve abandonnée par son ancien compagnon qu'elle avait rencontré pour mettre au défi son père. Elle se livre seule à une bataille sans merci contre les ragots de la presse à scandale, contre la gente masculine qui ne la traite pas équitablement et apparaît droite et fière lorsqu'elle fait des choix. Car Pamela a le cœur militant, et dans chaque prise de décision se cache une volonté à mettre en perspective : elle veut casser les codes.
La vie doit être prise au sérieux.
Si Pamela s'affirme de plus en plus dans ce que l'on peut considérer comme la revanche des femmes face à leur libre-arbitre, c'est aussi parce qu'elle a su analyser cette phrase prononcée en début de récit et la tourner à son avantage. La vie n'est pas un jeu et en ce sens, elle se doit d'avoir un comportement irréprochable tout comme les gens autour d'elle. Elle n'est plus spectatrice mais actrice, et c'est d'ailleurs ce que Katharine Hepburn fait de mieux, l'actrice.
Gene Garbo, une étoile montante.
Si la mayonnaise prend, c'est aussi grâce à la nouvelle pépite montante du cinéma américain, Katharine Hepburn, qui marche sur les pas de la plus célèbre des suédoises, Greta Garbo. Avec sa féminité très impérieuse et son autorité naturelle, Hepburn s'affiche comme la relève, ou plutôt la continuité de la star sans pour autant la singer, comme une touche singulière sur un tableau de maître. La lumière sur le visage de Gene Tierney, qui explosera une dizaine d'années plus tard, se lit également sur celui de l'héroïne de A Woman Rebels. Elle impose sa beauté et toute sa fraîcheur, semble parfois détachée, hors du mouvement, mais toujours rayonnante et pleine de charme.
Je vais vous dire un secret. Même si je suis une femme, j'ai un cerveau, et je compte bien m'en servir !
Tous les acteurs de ce film ne se valent pas, certains font baisser le rythme mais le jeune talent de Hepburn suffit à les ramener dans le rang. Elle est l'étendard d'une nouvelle prouesse, d'un courage éclatant qui transcende les acquis et s'éprend de modernité. Si Mark Sandrich patauge parfois dans la semoule en voulant trop en faire, au détriment d'une sobriété qui rendrait presque son film quelconque, il retranscrit avec passion cette Angleterre à la fin du 19ème siècle, les balbutiements d'une nouvelle ère de libertés.